LecturesB, collaboration spéciale
Qui est la Muse? À l’origine, ce terme fait référence aux neuf déesses dans la mythologie grecque et qui font écho aux arts. Calliope, Thalia, Clio, Terpsichore, Euterpe, Érato, Melpomène, Polymnie et Uranie. Ces protectrices encerclent l’artiste et l’inspirent… Après tout, elles sont un peu l’intermédiaire entre l’artiste et les dieux!
Le poète Ben doit être particulièrement proche de Terpsichore, la maîtresse de la poésie lyrique, mais aussi Calliope qui adore sa forme épique.
Dans son ouvrage, qui contient huit textes différents, mais tous liés par son engagement, l’auteur installé au Québec nourrit son imaginaire de situation à l’apparence ordinaire. Par exemple, cette petite dame qui attend sous un abribus en plein hiver, dans la Générosité de Violette. Ou bien le bourreau des cœurs à la retraite : Gustave, bien déterminé à trouver son épouse.
Le narrateur qui voyage De Bruxelles à Florence, en faisant des rencontres uniques… et puis Greg, qui a récemment déménagé et s’amuse à décortiquer précisément la personnalité, l’attitude de ses voisins comme il les perçoit. En réalité, toutes ces scènes se présentent en toute simplicité.
Pourtant, elles incarnent toutes un message particulier. Le ton varie : le lecteur retrouvera la malice et l’humour de Bernard Anton, surtout grâce à ses tournures de phrases toujours très travaillées. Mais l’écrivain fan de haïku souhaite aussi dénoncer l’inqualifiable et l’innommable : il n’hésite donc pas à décrire une agression physique voire un crime passionnel.
Avec sa plume naturellement poétique, Anton parvient à accuser les coupables de la société. Il semblerait que les rouages manquants ou malsains du monde soient dus à l’appât du gain et la cupidité humaine.
Certaines ombres dans le récit prennent une forme familière, à la manière de faits divers que le lecteur pourrait retrouver dans le journal. Une délinquance qui se détache totalement du bon sens ou de la moralité. Dans La Muse, les thématiques sont nombreuses. Par exemple, Bernard Anton décrit l’avidité et les limites de l’ambition. Lorsque le narrateur Gustave est persuadé que son bonheur repose sur la présence d’une épouse, celui-ci est tétanisé à l’idée de finir sa vie seul. Et pourtant, le temps passe!
Inéluctablement, la mort l’attend au bout du chemin. L’injustice et l’incompétence des administrations (au sens institutionnel) sont des sujets qui reviennent souvent dans les œuvres de Bernard Anton. La Muse ne fait pas exception à la règle.

Un livre qui marque
C’est pourquoi ce livre ne laissera personne indifférent, grâce à ces discours mis sous forme de textes touchants, révoltants. La thérapie par le voyage peut être une façon saine de découvrir, se rendre compte à quel point les gens sont différents et uniques, avec toutes les spécificités qui font que chaque individu ne se ressemble pas. Exactement comme les voisins de Greg, dans L’œil de lynx de l’observateur.
Dans un monde où la technologie étouffe et où la violence est partout, les enfants se retrouvent formatés, attirés par les armes et tout ce qui relève de l’artificiel. Se reconnecter à soi, faire le vide : réaliser qu’il est important de vivre et de se concentrer sur les choses qui nourrissent l’âme…
Finalement, le plus urgent n’est-il pas d’apprendre à se connaître et de chercher son propre bonheur, en faisant le bien autour de soi? Un message si simple, taxé de naïveté – mais qui devrait sans doute être au cœur de toutes les préoccupations en ces jours sombres.
Bernard Anton signe ici un recueil de récits et nouvelles qui correspondent parfaitement à son univers. De plus, il est important de souligner que cet auteur très spirituel s’est vraiment spécialisé dans le domaine du bien-être, du développement personnel grâce à des approches académiques, d’une guérison par le pardon. Une idéologie probablement issue de la mouvance bouddhiste et de l’Orient, qui semble particulièrement influencer ses travaux depuis des années…
Grâce à l’observation de son entourage, qu’il s’agisse du Québec en hiver ou bien des gens tout simplement, il parvient à toucher en plein cœur sa cible. L’ensemble se présente sous la forme d’une minisérie littéraire, qu’il est agréable de suivre et de découvrir.
Même si les nerfs du lecteur sont mis à rude épreuve, par le caractère souvent cru et parfois frustrant de certaines situations honteuses, il importe de rappeler que Bernard Anton n’est pas un polémiste. C’est un poète-artiste, qui profite de son art pour véhiculer des messages. Au cœur du recueil La Muse, on retrouve son implication particulière pour la planète qu’il place en tête de liste de ses combats. L’écologie fait en effet partie des sujets préférés de Ben, surtout en matière de poésie.
Sans cesse nourri par le spectacle d’un Québec préservé de l’industrie, l’homme médite et admire. Il en fait donc profiter ses lecteurs grâce à ses très nombreuses publications, fréquemment parues au sein de l’édition de l’Harmattan.
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