D’un point de vue strictement technique, The Last Oricru est probablement l’un des pires jeux de rôle des dernières années, mais grâce à son univers unique, qui mélange fantasy et science-fiction, les inconditionnels de RPG y trouveront quand même leur compte.
Statistiquement, l’amnésie n’est pas si fréquente que ça dans le monde réel, mais dans celui des jeux vidéo, c’est un véritable fléau, et on compte une quantité impressionnante de héros souffrant de perte de mémoire! C’est d’ailleurs le cas de The Last Oricru, un RPG dans lequel l’on incarne Silver, un homme se réveillant sur la planète Wardenia après un long sommeil sans aucun souvenir de son identité ni de son passé. Assailli par d’étranges visions, il découvre que c’est l’intelligence artificielle d’un vaisseau, dont il semble être l’un des membres de l’équipage, qui communique avec lui à l’aide de messages cryptiques. Malheureusement, avant de pouvoir quitter ce monde hostile, Silver sera obligé de prendre position dans la guerre à finir entre les Naborus, une race d’humanoïdes à la peau laiteuse, et les « ratteux », des rongeurs géants doués de parole qui, lassés d’être maintenus en esclavage, mènent une rébellion sanglante contre leurs oppresseurs. Se rangera-t-il du côté de l’autorité, ou de la justice?
J’apprécie beaucoup les RPG ne prenant pas place dans un contexte médiéval, avec des dragons, des elfes et des magiciens portant des chapeaux pointus, et c’est la première chose intéressante dans The Last Oricru, dont l’univers mélange des éléments de fantasy et de science-fiction. Habituellement, les jeux vidéo n’essaient pas d’expliquer pourquoi le héros mourant à répétition renaît à son dernier point de sauvegarde, mais ici, ce principe est intégré à l’histoire, puisque Silver possède une ceinture ayant le pouvoir de le ressusciter, ce qui le rend, à toutes fins pratiques, immortel. Au niveau des mécaniques de jeu en tant que telles par contre, il n’y a rien de particulièrement original, et on retrouve sensiblement les éléments usuels de ce genre de titre: des décisions influençant en profondeur le cours de l’histoire et affectant nos rapports avec l’une des factions du jeu; une évolution de personnage, qui monte de niveau à mesure qu’il acquiert de l’expérience, et des tonnes de butin et d’équipement.
On dispose d’un arsenal varié, et d’attaques lourdes et légères dans The Last Oricru. Un bouton permet de bloquer ou d’esquiver les coups des ennemis. L’endurance est utilisée pour courir ou attaquer, et quand la jauge est vide, on se retrouve sans défense jusqu’à ce qu’elle se recharge. On peut fixer notre mire sur un adversaire particulier au sein d’un groupe, mais dans l’ensemble, le combat est rigide, et peu satisfaisant. Dans un principe à la Dark Souls, quand on meurt, on perd toute l’essence accumulée, et il faut revenir sur le lieu de notre décès pour la récupérer. On doit trouver un terminal afin de distribuer ses points d’expérience et améliorer les différentes statistiques de son personnage (santé, volonté, vigueur, force, dextérité, intelligence) lorsqu’on monte de niveau. Il n’y a pas d’arbre de compétence par contre, puisque toutes les habiletés sont reliées aux armes et armures que l’on équipe.
The Last Oricru manque malheureusement de finition. Les visages des protagonistes sont figés et sans expression, et l’animation est souvent saccadée. Le lettrage du journal des quêtes est beaucoup trop petit pour le lire sans s’approcher de la télé et évidemment, il n’y a aucune option pour le grossir. Il y a aussi des décisions douteuses au niveau de la conception. Pourquoi diable avoir choisi d’utiliser le même bouton pour sauter et pour interagir avec une personne et un objet? Pire, pour un titre où chaque décision compte et où simplement parler à un personnage peut faire échouer une quête, la sauvegarde se fait automatiquement et il n’y a aucune façon de sauver la partie soi-même, ce qui constitue presque un crime pour un RPG. Il n’y a ni carte, ni indicateur de mission. On ne dispose donc d’aucune manière de savoir où se trouve l’objectif de la quête en cours, et on se dirige à l’aveugle la plupart du temps. Le titre offre toutefois un mode coopératif en ligne, et chose rare, la possibilité pour deux joueurs assis sur le même divan de traverser la campagne ensemble.
La vaste majorité des joueurs devraient éviter The Last Oricru, un jeu de rôle qui aurait gagné à demeurer en développement encore quelques mois, mais si, comme moi, vous êtes maniaque de RPG et que vous pouvez faire abstraction de ses nombreux problèmes techniques, le titre offre toutefois un univers unique, que l’on prend un certain plaisir à explorer.
5.5/10
The Last Oricru
Développeur : GoldKnights
Éditeur : Prime Matter, Plaion
Plateformes : PlayStation 5, Windows, Xbox Series S/X (testé sur Xbox Series X)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)