On ne peut certainement pas reprocher aux gens de chez Netflix le fait de vouloir tirer toute la substantielle moelle d’un projet comme la télésérie The Crown. Mais après cinq saisons, et surtout après la mort du personnage principal dans la vraie vie, force est d’admettre qu’il est franchement temps de passer à autre chose.
Cinquième saison, donc, du psychodrame de la famille royale britannique. Avec, en toile de fond, la période couvrant la fin des années 1980 au milieu des années 1990, approximativement. À une époque de diminution de la popularité de la monarchie (tiens donc), la reine et ses proches sont à leur tour coincés dans la tourmente; des mariages se terminent, souvent de façon difficile; le poids de l’âge est de plus en plus important, et on s’interroge – avec raison – sur l’utilité de ce fardeau en quelque sorte auto-imposé.
Et si l’on pourrait effectivement tenir une réflexion complexe sur l’importance des symboles, sur leur rôle en temps qu’éléments fédérateurs d’une nation, et sur la transformation de la société britannique – ou de toute société possédant toujours un aspect monarchique –, la voie empruntée par The Crown demeure celle du drame télévisuel.
Cette décision est certainement compréhensible : après tout, on souhaite attirer le téléspectateur, l’amener à regarder les 10 épisodes de cette nouvelle saison… et peut-être même rester fidèle à la série pour la sixième et dernière déclinaison des aventures de la famille royale.
Mais ultimement, il ne se passe pas grand-chose, dans cette cinquième saison. Pire encore, on sait exactement ce qui se déroulera : la relation entre Diana et le prince Charles continuera de se dégrader, jusqu’à ce que les deux finissent par divorcer.
Ironiquement, le fait d’avoir choisi Dominic West, cette saison, pour jouer celui qui, dans la vraie vie, est devenu Charles III, est à la fois la meilleure et la plus étrange décision prise par les créateurs de la série. La meilleure, parce que contrairement au véritable prince de Galles, West ressemble à autre chose qu’à un aristocrate imbu de lui-même qui a dû patienter près de 75 ans pour enfin être à la tête d’une institution décatie et pourrissante ayant bâti sa fortune sur des prétentions autoritaires et l’exploitation.
Quant à l’étrangeté, eh bien, impossible de nier que l’acteur est trop beau, trop charismatique, bref, trop aimable pour justement jouer cet individu pas même détestable, mais simplement entièrement oubliable.
De toute cette saison où l’on tente tant bien que mal de nous faire croire que les déboires de la monarchie sont d’un quelconque intérêt, une seule scène se démarque du lot : celle où Charles et Diana, juste après leur divorce, tentent de faire le point sur une relation qui n’a jamais vraiment fonctionné. Seuls dans une pièce, Dominic West et Elizabeth Debecki ont enfin l’occasion de laisser parler leur talent.
Mais, hélas, cette scène ne dure pas assez longtemps. Pire, elle est noyée dans un océan de banalités. Soulignons, peut-être, le travail correct de Jonathan Pryce, sous-utilisé en prince Philip; de Lesley Manville (princesse Margaret) et de Jonny Lee Miller, qui joue le premier ministre britannique John Major.
Rien de tout cela ne permet cependant de sauver cette cinquième saison. On se passera volontiers de la sixième et dernière saison. Heureusement, les séries et les films intéressants ne manquent pas, que ce soit sur Netflix ou ailleurs.