Malaise dans la civilisation, présenté au théâtre La Chapelle, ne fait pas référence au titre de l’ouvrage bien connu de Freud. Pas question de culture ni de religion dans ce spectacle. Seulement de malaise, et cela donne à rire du début à la fin. Les situations ne sont pourtant pas drôles en soi. Alors, pourquoi rit-on? Peut-être parce que chacun se reconnaît un peu dans les personnages, leurs attitudes, leurs obsessions, ce qui les caractérise comme du mécanique plaqué sur du vivant.
Le public est installé dans les fauteuils. Il est l’heure annoncée pour le début du spectacle. Mais la scène demeure vide et la salle entière reste allumée.
Des coulisses, émergent les uns après les autres Renaud, Alice, Max et Flo.
Tandis que les spectateurs s’attendent à voir débuter le spectacle pour lequel ils se sont déplacés, avec ces quatre acteurs sur scène, ceux-ci semblent totalement étonnés d’être là et de nous trouver dans le même lieu… Poliment, ils nous saluent, explorent le peu d’objets sur scène, rideau noir, quelques projecteurs, ou restent dans leur coin, embarrassés, sans trop savoir quoi faire.
Assez rapidement, les personnalités des quatre protagonistes apparaissent. Renaud est volubile, prêt à aider les autres (de façon sans doute extravagante) et se perd dans des raisonnements dénués de sens, Max est colérique mais fragile et très gentil, Alice est submergée par les questions existentielles et Flo ne cède rien à son désir…
Pendant une heure de temps, on assiste à un spectacle totalement inédit et particulièrement hilarant où les situations absurdes se succèdent dans un déroulement pourtant logique et qui mènent à de nombreuses petites catastrophes.
Les acteurs sont vraiment talentueux. Je me demandais, en les observant, comment ils arrivaient à conserver leur sérieux dans ces situations qui pourraient s’apparenter à de l’art clownesque mais qui en prennent au contraire le contre-pied en s’obstinant dans le tragique de la vie quotidienne de chacun des personnages.
Malaise dans la civilisation est un spectacle audacieux dans son intention et tout à fait réussi dans sa réalisation. Difficile de s’empêcher de rire du début à la fin. Et pourtant rien n’est drôle. Mais c’est peut-être la vie, observée de l’extérieur, qui est tragiquement drôle.
Malaise dans la civilisation
Un spectacle produit par Étienne Lepage Mise en scène Alix Dufresne + Étienne Lepage Texte Étienne Lepage
Interprétation et cocréation Florence Blain Mbaye + Maxime Genois + Renaud Lacelle-Bourdon + Alice Moreault