Avec plus de 24 millions d’exemplaires vendus, le God of War de 2018 est considéré comme l’un des meilleurs jeux vidéo jamais produit, et s’il était déjà exceptionnel, sa suite, Ragnarök, réussit à améliorer substantiellement l’expérience, et à frôler la perfection.
Ragnarök prend place quelques années après les événements du God of War de 2018. Le titre offre d’ailleurs un résumé de l’histoire pour ceux et celle qui n’auraient pas joué à l’opus précédent, ou qui auraient besoin de se rafraîchir la mémoire. Ayant découvert qu’il est le Dieu Loki lors de sa quête pour disperser les cendres de sa mère, Atreus tente d’en apprendre davantage sur ses pouvoirs et les prophéties à son sujet. Le jeune homme et son père Kratos sont maintenant traqués par Freya, leur ancienne alliée, qui a juré de leur faire subir mille tourments en représailles pour la mort de son fils Baldur. Pour empirer encore un peu plus la situation, une tempête glaciale nommée Fimbulvetr déferle sans cesse sur Midgard depuis trois ans, signe indéniable que la fin du monde approche. Déterminé à stopper le Ragnarök, Atreus convainc alors Kratos de mener une rébellion contre Odin lui-même, mais le périple à travers les neuf royaumes sera évidemment parsemé de dangers aux proportions mythologiques.
En dehors d’un scénario captivant inspiré de la mythologie nordique qui nous happe dès le début et ne contient aucun temps mort durant la trentaine d’heures que dure la campagne, Ragnarök bonifie le combat, déjà fluide et viscéral, du God of War de 2018. La prise en main sera immédiate pour ceux et celles ayant joué à l’opus précédent, puisque les contrôles sont exactement les mêmes. Parmi les nouveautés, les lames du chaos servent maintenant à atteindre des endroits plus élevés, ou à traverser des précipices. Kratos peut désormais saisir des troncs d’arbres ou des blocs de pierre massifs, et s’en servir comme armes. Les exécutions s’avèrent encore plus brutales que par le passé, comprenant des démembrements et des décapitations très satisfaisantes. Certains ennemis effectuent un retour, comme les draugars ou les elfes noirs, mais le titre corrige une lacune, en offrant un bestiaire beaucoup plus varié cette fois-ci. On aura même l’opportunité d’incarner Atreus lors de certains chapitres!

On pourrait dire que God of War Ragnarök est le plus cérébral des jeux de baston, et les multiples puzzles environnementaux se trouvant sur notre route donnent parfois davantage de fil à retordre que certains boss. On ne dispose pas toujours des habiletés nécessaires pour débloquer certains mécanismes ou passages secrets lors de la première visite d’un niveau, et il faut revenir plus tard, dans une formule popularisée par Metroid. Le titre n’offre pas un monde ouvert en tant que tel, mais il récompense certainement l’exploration, en dissimulant une foule d’objets, de matières premières et de secrets à travers ses neuf royaumes. Trésors et artéfacts à trouver, runes, parchemins et stèles de connaissance à déchiffrer, butin suspendu ou corbeaux d’Odin à tuer, la récolte méthodique de tous ces items nous force sans cesse à prêter une attention particulière à notre environnement afin de ne rien manquer.
Comme dans le God of War de 2018, Ragnarök incorpore des éléments de RPG à son expérience. Les nombreuses ressources que l’on récolte (fer forgé, argent, cuir, dépôt de scories, ossements de bêtes) sont pratiques pour améliorer armes et armures. On peut également insérer des gemmes d’attaques runiques sur nos armes afin de les rendre encore plus puissantes. Chaque action dans le jeu accorde des points d’expérience : mission principale, quêtes secondaires, découverte d’objets cachés, ou emplacements de cartes au trésor. On trouve également une longue série de travaux à accomplir, comme tuer trente cauchemars, fabriquer l’armure parfaite de Niöavellir, déchiffrer neuf runes, ouvrir dix coffres des Nornes, enflammer 100 ennemis, et bien d’autres. L’expérience ainsi accumulée sert de monnaie d’échange pour débloquer de nouvelles attaques puisque, encore une fois, l’arbre de compétence est divisé selon chaque arme composant notre arsenal.

God of War Ragnarök offre le choix entre un mode axé sur la résolution et un autre sur la performance, mais dans les deux cas, les visuels sont époustouflants, et il pourrait bien s’agir du plus beau titre de la PlayStation 5. Les rendus sont tellement magnifiques que l’on ne perçoit aucune transition entre les cinématiques et le jeu en tant que tel. Le pelage des ours et des loups, les traces dans la neige, les stalactites de glace, les effets lumineux ou les animations faciales sont criants de réalisme. Très variés, les environnements alternent entre paysages glaciaux, zones exotiques, forêts luxuriantes aux plantes létales, et ruines antiques. Je n’ai rencontré aucun bogue, mais quelques légers défauts. Au beau milieu de la campagne, le niveau de difficulté d’un des boss (je pense à toi, Malévole) monte en flèche en comparaison des autres, et si de nouveaux pouvoirs sont sans cesse ajoutés par le biais des différents compagnons d’armes de Kratos, leur fonctionnement n’est pas toujours bien expliqué.
Scénario épique, mécaniques parfaitement huilées, visuels sublimes, doublage impeccable livré par des comédiens de talent, trame sonore inspirée de Bear McCreary, tous les éléments contribuent à faire de Ragnarök une expérience supérieure au God of War de 2018. Les propriétaires d’une console PlayStation voudront absolument se procurer ce petit bijou, qui a de fortes chances de remporter le titre de meilleur jeu de l’année.
9.5/10
God of War Ragnarök
Développeur : Santa Monica Studio
Éditeur : Sony Interactive Entertainment
Plateformes : PlayStation 4, PlayStation 5 (testé sur PlayStation 5)
Jeu disponible en français (textes à l’écran et voix parlées)