Les changements climatiques ont d’ores et déjà des effets mesurables sur la santé, allant des coups de chaleur jusqu’aux problèmes cardiaques. Mais la santé mentale est aussi apparue sur les écrans radar de la dernière édition du Lancet Countdown on Health and Climate Change.
Publié chaque année depuis 2015, ce document s’est rapidement imposé dans le paysage des bilans annuels sur le climat, en raison de son emphase sur la santé. On y note par exemple cette année que « les décès reliés à la chaleur » ont augmenté de 68% entre la période 2000-2004 et la période 2017-2021.
Et c’est en plus du fait que le climat changeant favorise la dissémination de maladies infectieuses dans de nouveaux endroits. Plusieurs régions côtières se retrouvent par exemple avec des eaux plus chaudes, propices à la propagation de la bactérie responsable du choléra. Le nombre de jours favorables à la transmission de la malaria a évidemment augmenté en Afrique, son lieu d’origine, mais aussi dans les Amériques, depuis 1950. Ainsi que la probabilité de transmission de la dengue.
Mais la santé mentale est aussi sous surveillance. Les vagues de chaleur causent des problèmes de sommeil. Elles réduisent les possibilités d’interactions sociales et accroissent l’isolement, une cause importante de dépression. Les sécheresses ont des impacts dévastateurs sur les familles d’agriculteurs. Et des études ont établi ces dernières années un lien entre des températures plus élevées et une hausse des comportements violents, voire une hausse des suicides.
La pandémie a rappelé à quel point plusieurs pays étaient mal préparés à affronter une crise, rappellent la centaine d’auteurs du Lancet Countdown on Health and Climate Change. Un constat qui vaut aussi pour la crise climatique que l’on voit pourtant venir à l’horizon : d’après leur analyse, seulement la moitié des pays étudiés (48 sur 95) ont produit une évaluation des besoins de leurs systèmes de santé dans le contexte d’une adaptation aux changements climatiques (davantage de problèmes respiratoires et cardiaques, davantage de décès, etc). Le Canada n’en fait pas partie.
Et ça pourrait s’aggraver avant de s’améliorer, lit-on dans le rapport, considérant que les compagnies gazières et pétrolières « enregistrent des profits records, tandis que leurs stratégies de production continuent de nuire aux vies et au bien-être des populations ». Et ce, avec l’appui des gouvernements, poursuivent les auteurs : les subventions directes ou indirectes que 60 gouvernements remettent à ces compagnies représentent des montants « comparables ou supérieurs à leurs budgets totaux de santé ». L’impact appréhendé des changements climatiques sur leurs économies, avec en plus la possibilité d’une récession, fait craindre le pire pour de nouveaux investissements en santé.