Comme chaque année, à l’approche de la conférence mondiale sur les changements climatiques (la « COP »), les bilans annuels aux statistiques sombres s’accumulent et les constats pessimistes se répètent. Tout n’est pourtant pas uniformément sombre, comme le démontrent trois constats.
Le premier constat qui peut être qualifié d’encourageant est que l’énergie dite renouvelable est désormais plus « concurrentielle », d’un point de vue économique. Quelque 75 % de la croissance de la capacité en électricité de la planète est à présent du côté de l’éolien et du solaire, contre 20 % en 2008, selon le dernier rapport de la firme Bloomberg NEF. Convaincre des investisseurs de mettre des sous dans de nouveaux forages pétroliers ou gaziers qui ne rapporteront des dividendes que dans 5 ou 10 ans pourrait donc s’avérer de plus en plus difficile.
Le deuxième constat est que, même si les promesses des pays sont très loin des objectifs de l’accord de Paris de 2015 — limiter le réchauffement à 2 degrés par rapport à l’époque pré-industrielle, voire à 1,5 degré — il n’en demeure pas moins qu’un grand nombre de ces pays (dont les États-Unis et l’Union européenne) ont soumis des promesses plus ambitieuses l’an dernier, à la rencontre de Glasgow (Écosse). En 2015, avec les promesses présentées à Paris, le réchauffement climatique en 2100 atteignait 3,6 degrés. Avec les promesses révisées qui ont été présentées à Glasgow, le réchauffement atteindrait 2,6 à 2,7 degrés (selon l’organisme Climate Action Tracker). Ceci toutefois, à supposer que toutes ces promesses soient tenues.
Le dernier constat, note le magazine britannique de vulgarisation The New Scientist, est que, même si la réponse de l’Europe à la crise de l’énergie provoquée par l’invasion de l’Ukraine a été « inadéquate », reste que l’importation par bateau de gaz naturel liquéfié pourrait résulter en une diminution des émissions de gaz à effet de serre de ces pays par rapport à l’an dernier, lorsqu’ils ne dépendaient que du gaz russe. La raison: les fuites considérables de méthane des pipelines russes, qui disparaissent du calcul avec un transport par navire.
Et c’est en plus du fait que la crise ukrainienne semble pousser de nombreux gouvernements à accélérer des investissements dans les énergies renouvelables qui n’étaient pas prévus avant des années. Comme les États-Unis avec leur Inflation Reduction Act en août dernier, qui contenait le plus gros investissement pour le climat jamais voté dans ce pays: 370 milliards$ dans un large spectre de technologies vertes.
Dans la foulée, on note aussi l’accélération, dans plusieurs pays, des ventes de voitures électriques. La Norvège a même annoncé la fin des ventes de voitures à essence dès 2025.
Rien de tout cela ne suffit pour l’instant à renverser la tendance : l’augmentation des gaz à effet de serre se poursuivra pendant des années, malgré la place plus grande prise par les éoliennes et les panneaux solaires, et malgré les « économies » réalisées par le gaz naturel liquéfié. Et rien ne garantit que cette cible de 2,6 degrés ne sera pas un jour dépassée : tout dépendra de la volonté des futurs gouvernements à respecter leurs promesses. Mais c’est une façon de regarder le verre à moitié plein…