On nous avait promis la démesure des années 80. On a été bien servis lors de la première médiatique de Rock of Ages. Portée par une troupe hyper énergique et haute en couleur, la comédie musicale propose une incursion dans l’excentricité de l’époque et donne envie de chanter : I want to rock!
Une girl next door naïve quitte son Kansas natal pour percer à Hollywood, et on devine aisément la suite… aucunement surpris par la fin happy où les amoureux vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Oui, la trame narrative – classique en son genre – est mince et très prévisible, mais on aime tout le reste : décors éblouissants, costumes éclatants, coiffures colossales boostées au fixatif, chorégraphies frivoles, blagues grasses (voulues), clichés (assumés comme des têtes blondes peroxydées) et surtout, surtout la musique. Pas moins de 25 extraits des plus gros hits de cette décennie fluo meublent efficacement l’histoire qu’on suit – avouons-le – assez distraitement.
Toujours présents sur scène et judicieusement mis de l’avant, les excellents musiciens enchaînent les titres de Jon Bon Jovi, Twisted Sisters, Pat Benetar ou Journey – habilement intégrés à l’histoire – pendant que quelque 13 chanteurs et danseurs poussent la note et se déhanchent au son des classiques des années spray net : We’re not gonna take it, Dead or Alive, Hit me with your best shot, Don’t stop Believing. Ça bouge, ça décoiffe, ça rock dans le tapis, c’est extrêmement divertissant!
Si Lunou Zucchini, Jordan Donoghue et Rémi Chassé (respectivement dans la peau de Sherrie, Drew et Stacee Jaxx) livrent une performance juste et dynamique, d’autres interprètes campant des rôles secondaires brillent davantage par leur solide aplomb, notamment Joëlle Lanctôt et Normand Carrière, comiques et croustillants, et la sublime Sharon James dont la voix chaude et puissante éblouit. Chacune de ses entrées en scène suscite les réactions et donne des frissons. Le reste de la distribution foisonne de beaux talents bruts.
En outre, Tommy Joubert, est hautement divertissant dans son double rôle d’ami de Dennis (juste, Manuel Tadros) et de narrateur, défonceur du quatrième mur. Ses interventions hilarantes – bien que trop nombreuses – permettent de désamorcer certaines situations qui pourraient être mal perçues en 2022. À ce titre, on lui pardonne vite ses abondants gags déphasés, catapultés impunément tout au long du spectacle. Si sa folie est (très) caricaturale, son charisme demeure incontestable.
Le metteur en scène Joël Legendre (adjoint de sa fidèle équipe) a rempli haut la main son mandat. L’adaptation québécoise du spectacle à grand déploiement – énorme succès à Broadway, adapté au grand écran en 2012 – est festive, enlevante, sexy et drôle. Hommage rendu!
Rock of Ages est présenté au théâtre Saint-Denis jusqu’au 6 novembre.