Après plusieurs rapports, tous publiés cette semaine, et qui indiquent que notre civilisation court rapidement à sa perte, en raison de l’inaction climatique, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, garde espoir : selon lui, il est effectivement possible d’éviter la catastrophe environnementale, mais seulement au prix d’une « transformation profonde de nos économies et sociétés ».
À la suite du plus récent rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), qui fait partie des appels à l’action urgente rendus publics ces derniers jours, M. Guterres fait siennes les recommandations de cette organisation rattachée à l’ONU, notamment de mettre fin à la dépendance aux combustibles fossiles, stopper la construction de nouvelles infrastructures qui sont reliées à ces énergies plus que polluantes, ainsi qu’investir massivement dans les énergies renouvelables (éolien, solaire, etc.).
« Les engagements envers le net zéro ne valent rien sans des plans, des politiques et des mesures pour les atteindre », a ajouté M. Guterres, dans des propos repris par l’ONU. Selon lui, il faut combler l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre « avant que la catastrophe climatique ne nous touche tous ».
Pour sa part, Inger Andersen, directrice générale du PNUE, le message est clair : selon elle, le rapport dit en des termes scientifiques ce que notre planète indique clairement depuis le début de l’année, sous la forme de moult catastrophes climatiques, soit qu’il faut cesser d’envoyer des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et agir rapidement en ce sens.
« Nous avons eu l’occasion de procéder à des changements progressifs, mais ce temps est révolu. Seule une transformation en profondeur de nos économies et de nos sociétés peut nous sauver d’une accélération de la catastrophe climatique », a-t-elle ajouté.
Toujours selon le rapport du PNUE, les pays participants au sommet sur le climat de 2021 à Glasgow, en Écosse, ont beau avoir pris des engagements en matière de réduction des émissions polluantes, « l’année a été gâchée », puisque ces promesses de diminution des GES n’ont représenté que 500 millions de tonnes de CO2, ce qui est jugé comme étant « nettement insuffisant » par les experts. De fait, ces 500 millions de tonnes équivaudront à moins de 1 % des émissions mondiales, en 2030.
Encore de l’espoir
Mais malgré les faibles engagements, malgré le scénario actuel qui prévoit un réchauffement moyen de 2,8 degrés Celsius, d’ici la fin du siècle, si les politiques climatiques actuelles sont maintenues, les experts jugent qu’il y a toujours de l’espoir.
Afin de respecter l’objectif de réchauffement de 1,5 degré Celsius, tel que défini à Paris, il faut réduire les émissions polluantes de 45 % d’ici 2030. Comment faire? Les spécialistes onusiens évoquent la nécessité d’une transformation à grande échelle, rapide et systémique.
Mme Andersen avance ainsi l’idée d’accélérer largement la décarbonation de l’industrie, de l’approvisionnement en électricité, des transports et du secteur du bâtiment, tous des aspects de notre économie où les initiatives vertes prennent de plus en plus en place, mais à un rythme de loin inférieur à ce qui est nécessaire, de l’avis des chercheurs du PNUE.
Pour aller de l’avant dans ces domaines et dans d’autres ayant tout autant besoin de réformes, comme le secteur agricole, les gouvernements sont incités à revoir le fonctionnement de leurs subventions, pour notamment favoriser les projets verts et s’éloigner des secteurs traditionnels, comme les combustibles fossiles, y compris en ce qui concerne les chaînes d’approvisionnement.
Les différents États sont aussi appelés à faire preuve de plus de transparence, pour non seulement simplifier les processus de transformation, mais aussi pour favoriser la confiance des citoyens envers les gouvernants.
Enfin, on appelle à la mobilisation des banques centrales, entre autres pour développement une réglementation favorable aux efforts colossaux qui seront nécessaires, histoire d’éviter la catastrophe.