Il aura flirté avec une bonne partie des grands noms du journalisme, de la politique et des relations publiques : dans Le goût du risque, André Bouthillier retrace sa longue carrière qui le mena du Montréal-Matin à la Coalition avenir Québec, en passant par le cabinet NATIONAL et la crise d’Oka.
Publié aux éditions Somme toute, en collaboration avec le journal Le Devoir, où travailla justement l’auteur de cette autobiographie, le livre a des allures d’analyse des grands courants économiques et socio-politiques du dernier demi-siècle. Du rêve au Parti québécois à son effondrement, de l’ouverture du Québec sur le monde à son virage plus nationaliste, tout y passe, tout cela sous la plume de l’auteur.
Il est certainement étonnant de découvrir la vie de l’une de ces personnes que l’on a l’impression de voir uniquement au cinéma, ou à la télévision : ces gens qui semblent avoir été partout, avoir tout vécu, et si elles n’ont pas toujours joué un rôle de premier plan dans la marche de l’histoire, elles ont toujours fait partie de tous ceux et celles dont la présence, bien que plus effacée, est toujours essentielle. Après tout, les leaders ne sont jamais seuls, et ils ont toujours besoin de quelqu’un pour leur écrire un discours, pour produire un rapport, ou encore pour développer une stratégie.
Mais si André Bouthillier a bel et bien eu une carrière spectaculaire, il est franchement dommage que son autobiographie soit si ennuyante à lire. Non pas que le contenu ne soit pas intéressant, bien au contraire, mais il est particulièrement surprenant qu’un ancien journaliste, un homme habitué à bien écrire, que ce soit pour la presse ou dans le cadre de sa vie comme spécialiste des relations publiques, raconte sa vie avec un style si beige, si monotone, qu’on peine à demeurer attentifs.
Pour chaque grande période de sa vie, on aurait pratiquement pu tirer un livre entier, notamment quand il a écrit une série de reportages sur le gouvernement fédéral, il y a de cela plusieurs dizaines d’années, reportages qui lui vaudront non seulement un prix, mais aussi une visite d’agents de la Gendarmerie royale du Canada! Pourquoi, alors, a-t-on droit à une suite d’événements racontés sans âme, sans passion, et en nommant quantité de gens au passage?
Tout cela est fort dommage; non seulement parce que M. Bouthillier a été un témoin important de quantités d’événements historiques, mais aussi parce qu’il a su faire sa place dans une société québécoise en pleine ébullition.