Chimpanzés et gorilles ont beau appartenir à deux espèces séparées, ils ont beaucoup plus d’interactions qu’on ne le croyait. Deux décennies d’observations dans les forêts du Congo ont révélé des individus qui se côtoient dans les mêmes arbres et qui sont « généralement tolérants » entre eux.
Les frictions, quand il y en a, vont rarement au-delà des cris « d’avertissement », résument les chercheurs du Congo et des États-Unis dont l’étude est parue en septembre dans la revue iScience.
Il faut noter que si cette recherche attire l’attention des experts des grands singes, c’est parce que ceux-ci ont rapporté au moins deux cas d’attaques mortelles « inter-espèces », au Gabon. Et on présumait jusqu’ici que, sans aller jusqu’à des attaques mortelles, la règle entre les grands singes d’espèces différentes était qu’une espèce évite d’empiéter sur le territoire de l’autre.
Or, ce qui a été observé dans les forêts humides du Parc national du Congo, ce sont plutôt de jeunes individus des deux espèces qui jouent ensembles et qui grimpent dans les mêmes arbres pour de la nourriture. On parle d’interactions qui durent entre quelques minutes et plusieurs heures, mais on parle aussi, dans le langage des chercheurs, de « relations sociales » qui peuvent se poursuivre pendant des années: deux groupes d’espèces différentes ne vont pas se côtoyer continuellement, mais semblent se reconnaître quand ils se croisent à nouveau.
Il est possible que ce soit particulier aux espèces du Congo, qui ont été moins étudiées que leurs cousins des pays voisins au cours des dernières décennies. Mais ce qui est certain, c’est que ces « alliances » ne semblent pas empêcher les prédateurs d’approcher. Par contre, elles pourraient augmenter les chances de trouver un arbre riche en fruits : les appels d’un chimpanzé qui a trouvé, vont attirer les autres chimpanzés, mais aussi ses « amis » gorilles.