Qu’est-ce que la beauté? Qu’est-ce que la grâce? L’élégance, le charme, l’harmonie esthétique? Ce sont toutes ces questions que nous proposent Silvia Gribaudi et ses danseurs, dans un spectacle de danse contemporaine de très haute qualité et qui s’offre le luxe d’y associer l’humour et l’autodérision clownesque.
Les trois Grâces qui ont inspiré la grande chorégraphe italienne sont celles sculptées en marbre par Antonio Canova au début du XIXe siècle. Très éloignées donc des trois beaux danseurs masculins en chaussettes et caleçons noirs qui se présentent sur scène. Ils sont accompagnés de Silvia Gribaudi elle-même, en chaussettes et maillot une pièce de la même couleur.
Au début du spectacle, les quatre se présentent tour à tour avec timidité, gentillesse, mots d’encouragement à l’égard du public. Et l’on pressent qu’on n’aura pas affaire à un spectacle de danse contemporaine ordinaire. Il y aura une sorte de dialogue entre le public et les artistes qui s’instaurera entre chacune des nombreuses séquences. L’improvisation y tiendra une grande place. Les surprises pour le public seront légion. Car il s’agit, pour la, chorégraphe de déjouer constamment les attentes des spectateurs, de les surprendre, de les amuser, de les faire réfléchir aussi, tout en les satisfaisant par des performances dansées exigeantes et de la meilleure qualité.
C’est cet équilibre délicat qu’il s’agit de maintenir entre, d’une part, les séquences de ballets virtuoses qui explorent tout le spectre du corps et de la danse, et d’autre part l’improvisation et l’art clownesque un soupçon dérangeant mais toujours bienveillant, intelligent et qui entraine le sourire et la réflexion, pendant et après le spectacle.
Du coup, c’est du grand art, risqué et très difficile à tenir, entre burlesque et performances incroyablement maîtrisées. Un art qui associe le théâtre, l’humour et l’art clownesque au corps et à la danse. Un art qui s’inscrit finalement tout à fait dans ce qu’on peut attendre de mieux en danse contemporaine dans la mesure où le spectateur sait qu’il y sera étonné, dérangé, ému au sens propre du terme, par les audaces, la créativité et le talent sans bornes des artistes.
Grâces, de Silvia Gribaudi
Danse Danse
Jusqu’au 15 octobre chez Duceppe