Selon un nouveau rapport publié mardi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il est urgent d’investir encore plus largement dans les énergies renouvelables et la collecte de données; si la communauté internationale n’agit pas, écrit-on, la lutte contre les impacts des changements climatiques pourrait souffrir d’un manque d’accès aux énergies propres, notamment l’hydroélectricité et le nucléaire.
De fait, le rapport souligne un phénomène qui commence déjà à prendre forme : les événements climatiques extrêmes agissent sans discrimination sur toutes les sources d’énergie, qu’elles soient basées sur les combustibles fossiles, le soleil, le vent ou l’atome.
Aux yeux du secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, l’objectif, pour que le siècle soit prospère, est clair : il faut atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, notamment en effectuant une transition vers des formes de production d’énergies propres.
« La situation s’aggrave de jour en jour et le climat se transforme sous nos yeux. Nous devons totalement repenser le système énergétique planétaire », a-t-il dit, selon des propos rapportés par l’ONU.
Du côté de l’OMM, on estime que cette urgence d’agir peut également être une opportunité, notamment pour l’Afrique. Ce continent, juge-t-on, pourrait profiter de ses vastes étendues désertiques pour devenir un acteur de premier plan en matière de production d’énergie solaire. Ainsi, le continent reçoit 60 % des meilleures ressources de la planète en matière d’ensoleillement, mais ne dispose que de 1 % de la capacité photovoltaïque mondiale, affirme l’organisation.
« En 2019 et 2020, l’Asie de l’Est et la région Pacifique, et essentiellement la Chine et le Japon, ont reçu la grande majorité des investissements dans les énergies renouvelables, suivies par l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord, tandis que les pays en développement sont particulièrement sous-représentés pour ces financements », rappelle l’OMM.
Toujours au dire de M. Taalas, agir de façon « audacieuse » en matière de lutte aux changements climatiques pourrait mener à dégager des bénéfices économiques de 26 000 milliards de dollars d’ici 2030.
Énergie en péril
Le rapport de l’OMM souligne aussi, et surtout, les dangers des impacts des sécheresses, tempêtes et autres événements climatiques catastrophiques sur l’approvisionnement en énergie : « en 2020, 87 % de l’électricité mondiale produite par des systèmes thermiques, nucléaires ou hydroélectriques dépendaient directement des ressources en eau disponibles. Or, 33 % des centrales thermiques qui dépendent des ressources d’eau douce disponibles pour le refroidissement se trouvent dans des zones soumises à un stress hydrique élevé », mentionne le document.
La situation est similaire pour 15 % des centrales nucléaires, une proportion qui passera à 20 % au cours des prochaines années.
« De plus, 11 % des capacités hydroélectriques sont également situées dans des zones soumises à un fort stress hydrique. Enfin, les lieux d’implantation d’environ 26 % des barrages hydrauliques existants et 23 % des barrages prévus se trouvent dans des bassins versants exposés à un risque de pénurie d’eau considéré comme moyen à très élevé », écrivent les auteurs du rapport.
En bref, en réduisant l’apport en eau des rivières dont dépendent ces centrales, ou, au contraire, en provoquant des inondations importantes, il deviendra alors impossible de produire de l’énergie. Ce qui réduira au silence les services essentiels, comme les hôpitaux et les usines de traitement des eaux.