Pas moins de 88 projets de loi ont été déposés dans un coin ou l’autre des États-Unis, qui s’attaquent à l’obligation d’être vacciné pour entrer à l’école, ou au droit des moins de 18 ans de décider d’être vaccinés. Il n’est pas sûr que toutes ces lois seront adoptées. Mais elles traduisent un vent contraire qui souffle depuis la droite conservatrice.
Selon les universitaires qui suivent ce phénomène, il n’y aurait, en comparaison, que 8 projets de loi favorables à la vaccination.
Les élections de mi-mandat, où des centaines d’élus locaux jouent leur avenir, ont peut-être une influence: une loi s’attaquant à l’obligation vaccinale dans les écoles peut être, après deux ans et demi de COVID, une façon pour un élu républicain de motiver ses partisans les plus militants. « Mais il y a un risque pour qu’à long terme, en certains endroits, les attitudes envers les vaccins en soient affectées négativement », résume un reportage du magazine Vox.
Et le vent contraire n’a pas commencé avec ces projets de loi : la vaccination infantile a reculé dans ce pays pendant l’année scolaire 2020-2021. Et bien que la COVID soit en cause (beaucoup de gens n’ont pas fait les suivis pendant le confinement), un sondage récent révèle que moins d’adultes ont l’intention de se faire vacciner contre la grippe que les années précédentes, et un autre confirme que moins de parents qu’avant jugent « très important » de faire vacciner leurs enfants contre les maladies comme la rougeole ou la rubéole: 89%, contre 94% en 2001.
L’opposition reste largement minoritaire. Mais si elle inquiète ces chercheurs, c’est parce qu’elle est marquée par l’appartenance politique, tout comme ces projets de loi. La pandémie, note dans Vox une professeure de l’Université de Californie, Dorit Reiss, qui effectue un suivi de ces lois « antivaccins », a « suralimenté des choses qui étaient déjà en marche ». « Nous avions observé une politisation croissante des obligations de vacciner avant la pandémie. Mais pas au niveau d’aujourd’hui. »
Il faut noter qu’il a été amplement démontré que l’obligation vaccinale à l’école élève bel et bien le taux de vaccination, en dépit des exemptions que peuvent aller chercher certains parents.
Selon un sondage Gallup réalisé en 2019, 79 % des parents républicains disaient avoir fait vacciner leurs enfants, contre 93% en 2001… et 92% des démocrates l’avaient fait, contre 97% en 2001. Même des groupes « traditionnellement » opposés aux vaccins, qui étaient souvent campés à gauche politiquement, s’étaient ralliés pendant la COVID.
Ce qui expliquerait ce « ralliement » de la droite? L’argumentaire qui s’appuyait sur de fausses associations entre vaccins et autisme, aurait glissé vers le concept de « liberté ». Jadis, même les conservateurs décrivaient la vaccination infantile comme une « responsabilité civique », aujourd’hui, pour un nombre croissant d’entre eux, c’est plutôt une « liberté de choix ».
La COVID a été une opportunité pour vendre cette idée: les chiffres révèlent depuis l’an dernier que les républicains sont plus à risque de mourir de la COVID, parce que le taux de vaccination est beaucoup plus bas chez eux que chez les démocrates. Les comtés des États-Unis qui ont voté républicain ont, en moyenne, un plus haut taux de décès causés par la COVID. La tendance semble même être à son plus fort dans les comtés qui ont donné à Donald Trump ses plus fortes majorités.