Les années passent, mais le mythe de la Lolita, cette adolescente immortalisée, en quelque sorte, dans le roman de Nabokov, est toujours bien vivant. L’autrice et comédienne Paméla Dumont s’emploie cependant à déboulonner les fabulations tournant autour de ce qui demeure une histoire de grooming et de séduction malsaine dans Lolita n’existe pas.
L’oeuvre, jouée sur les planches de la salle Fred-Barry, au théâtre Denise-Pelletier, tient en quelque sorte en deux parties. Il y a bien sûr cette adolescente, cette jeune fille de 14 ans qui décide de vivre la grande aventure pendant le congé pascal, et qui se retrouve éventuellement aux États-Unis.
Mais il y a aussi, en un certain sens, cette même adolescente, devenue depuis une adulte, qui continue de se battre pour faire disparaître non seulement cette image de jeune fille virginale dont la « pureté » a été souillée, en plus, paradoxalement, de cette idée selon laquelle elle a elle-même cherché à séduire l’homme qui a profité d’elle. Comme si elle était à la fois vierge et putain, le tout dans le corps d’une ado de 14 ans.
Tout cela est bien présent dans la pièce de Mme Dumont, qui ne tombe jamais dans le scabreux ou le scandaleux pour le simple plaisir de faire réagir les spectateurs. En fait, la relation malsaine entre la jeune fille et son « protecteur » n’est jamais vraiment à sens unique : lorsque l’on a cet âge, on a, après tout, terriblement envie d’être considéré(e) comme un(e) adulte, et se faire couvrir d’attention et de cadeaux donne l’impression d’être au centre du monde.
Pourquoi, alors, n’aurait-on pas envie de jouer de ses charmes pour s’assurer de demeurer cette princesse? Le tout sans vraiment voir ou comprendre que l’on se retrouve plutôt coincée dans quelque chose de profondément malsain et toxique.
Simple, mais particulièrement efficace, Lolita n’existe pas réussit largement à atteindre son objectif, soit celui d’explorer ce mythe qui est toujours bien présent dans la culture populaire, et qui est encore très largement exploité à tort et à travers.
Seule ombre au tableau, la scénographie gagnerait à être ouverte à un plus vaste public : même dans la petite salle Fred-Barry, les spectateurs installés sur les côtés semblent avoir perdu quelques mouvements sur scène. Rien de catastrophique, mais la situation était néanmoins quelque peu agaçante.
Lolita n’existe pas, présentée à la salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 22 octobre.
Texte : Paméla Dumont
Mise en scène : Valery Drapeau
Interprétation : Paméla Dumont, Sylvio Arriola et Alexandre Ricard
Une production du Théâtre de la Foulée