L’arrivée du pouvoir de Xi Jinping, le dirigeant chinois, a coïncidé avec une approche encore plus ferme de Pékin en matière de politique étrangère. Pour ses voisins et ses adversaires, dans la région Pacifique comme ailleurs, la Chine est vue de plus en plus de façon négative, alors que le pays utilise son poids diplomatique et économique, en plus de menaces militaires, pour tenter de faire avancer sa cause sur l’échiquier politique mondial.
Dans le cadre d’une grande enquête impliquant une soixantaine de pays d’un peu partout dans le monde, le Pew Research Center fait effectivement mention, dans plusieurs de ces nations, d’une augmentation marquée de la vision défavorable de la Chine.
Le point d’inflexion se situe généralement aux alentours de l’année 2017, où les points de vue parfois positifs prennent une direction complètement opposée pour atteindre des sommets de négativité. C’est ainsi le cas pour la Suède, où 83 % des sondés ont maintenant un point de vue négatif de Pékin, un sommet depuis le début de la période d’évaluation, un peu avant l’année 2010, où 40 % des opinions étaient défavorables, comme 43 % d’opinions positives.
Le scénario se répète aux Pays-Bas, en Allemagne, au Royaume-Uni, en France, en Espagne, en France, etc. Dans tous ces pays, le pouvoir communiste chinois est maintenant fortement perçu de façon négative.
Aux États-Unis, la marque de Donald Trump est très claire : après son arrivée au pouvoir, au début de 2017, l’ex-président s’est lancé dans une guerre de mots, puis une guerre commerciale avec la Chine, ce qui fortement teinté l’opinion publique. L’apparition de la COVID-19, qui trouve son origine en Chine, n’a pas non plus aidé à ralentir cette érosion des opinions positives envers Pékin, bien au contraire. M. Trump continue d’ailleurs de qualifié le virus de la COVID-19 de « virus chinois ».
Résultat? Quelque 82 % des répondants à l’enquête du Pew Research Center ont un avis défavorable de la Chine, en 2022. Une situation qui ne devrait guère s’améliorer, en raison des tensions importantes entre Pékin et Washington, notamment dans le dossier de Taïwan.
Et au Canada? Là aussi, les relations se sont très rapidement dégradées. L’affaire des deux Michael, dans le cadre de laquelle deux citoyens canadiens ont été arrêtés par les autorités chinoises et emprisonnés pendant plusieurs années, à la suite de l’arrestation d’une dirigeante du géant des télécommunications Huawei, à Vancouver, n’a certainement pas aidé à apaiser les tensions.
Aujourd’hui, 74 % des Canadiens interrogés ont une opinion défavorable de la Chine.
De fait, dans bien des pays occidentaux, le constat est clair : Xi Jinping est un dictateur.
« La Chine est une dictature autocratique dirigée par un tyran, Xi Jinping; le Parti communiste chinois est une kleptocratie amorale qui ne cherche qu’à assurer sa propre survie, et ne se préoccupe aucunement du bien-être de ses citoyens. Le gouvernement chinois est un acteur de mauvaise foi sur la scène internationale et a de plus en plus recours à des menaces économiques et militaires pour traiter avec le reste de la planète », a ainsi confié un Américain interrogé dans le cadre de l’enquête.
Une puissance montante
Cette opinion défavorable de la Chine peut aussi être associée au fait que 66 % des répondants jugent que la puissance et l’influence de Pékin est en augmentation ces dernières années.
Dans le cadre d’un autre sondage, près de la moitié des répondants, voire davantage, dans 24 des 40 pays observés a indiqué que la Chine était en voie de remplacer les États-Unis comme superpuissance mondiale, ou l’avait déjà fait.
Toujours dans ce même dossier, 67 % des personnes interrogées dans le cadre d’une nouvelle enquête ont jugé que la Chine était une menace majeure, en hausse de 19 points de pourcentage par rapport à un précédent coup de sonde.
C’est dans ce contexte plus qu’explosif que Xi Jinping devrait obtenir un troisième mandat comme président, lors du 20e Congrès national du Parti communiste chinois, du jamais vu. De fait, M. Xi est maintenant considéré comme « président à vie », ce qui fait disparaître une autre barrière démocratique en Chine.