Dans un monde où les jeux vidéo semblent trop souvent remâcher les mêmes formules éprouvées, la version Reprobed de Destroy All Humans! 2 nous replonge à une époque où les développeurs n’avaient pas peur de prendre des risques, et d’offrir des expériences uniques sortant des sentiers battus.
Capable de revêtir n’importe quelle forme physique, Cryptosoridium 137, l’extraterrestre belliqueux de la race des Furons connu simplement sous le nom de Crypto, a conquis la Terre et pris la place du président des États-Unis à la fin du premier Destroy All Humans!. Dans le second volet de cette franchise déjantée, à mi-chemin entre Grand Theft Auto et Mars Attacks!, l’Union soviétique, qui n’est pas dupe du subterfuge, anéantit le vaisseau-mère de l’envahisseur se trouvant en orbite autour de la planète à l’aide d’un missile nucléaire, et lance les agents du KGB à ses trousses afin de l’éliminer. Sans moyen de retourner chez lui ou d’appeler des renforts, Crypto devra trouver le moyen de survivre à cette attaque frontale.
D’emblée, Destroy All Humans! 2 se démarque de la compétition par les pouvoirs psioniques qu’il met à notre disposition. Quel autre jeu nous permet de prendre possession du corps d’un quidam, et de déambuler incognito en utilisant son apparence physique? Il faut toutefois le faire discrètement, sinon, les témoins de notre transformation appelleront les forces de l’ordre, qui nous attaqueront sans pitié. Heureusement, on peut effacer leur mémoire en appuyant sur la flèche gauche du pavé numérique. Appuyer sur celle du haut active le scan cortical, qui nous laisse lire les pensées de n’importe quel humain se trouvant sur notre route. Pour se sortir de situations difficiles, on peut toujours compter sur notre maîtrise de la psychokinésie, avec laquelle on peut soulever et projeter les gens comme leurs voitures simplement par la pensée.

L’arsenal de Crypto est aussi très différent de ce qu’on retrouve dans les jeux de tir habituels. En plus de son jetpack, de son bouclier et de ses bottes Percut-O-Tron 2000 lui permettant de courir rapidement, l’extraterrestre peut compter sur son fidèle pistolet Zap-O-Matic lançant des rayons électriques, son rayon désintégrateur, son dislocateur annulant la gravité, ou son faisceau d’amour libre forçant les personnes ciblées à danser jusqu’à l’épuisement sur une musique psychédélique, sans oublier l’infâme sonde anale. Les armes de Destroy All Humans! 2 sont aussi uniques que loufoques, et possèdent trois niveaux d’amélioration, les rendant de plus en plus puissantes au fil du jeu. Semer le carnage et la destruction à bord de sa soucoupe volante est également un pur plaisir.
Tandis que le premier volet de la série prenait place à la fin des années 1950, cette suite se déroule dix ans plus tard, soit en 1969. L’action ne se limite plus seulement aux États-Unis, et Destroy All Humans! 2 agrandit son terrain de jeu, en se déplaçant de San Francisco à l’Angleterre, en passant par le Japon. Le titre adopte la formule du monde ouvert, et une mini-carte affichée dans le coin inférieur gauche de l’écran indique l’emplacement des missions secondaires. Comme c’est le cas la plupart du temps avec ce genre d’expérience, on trouve une foule d’objets à collectionner, dont des microsillons, ou des illustrations. Chaque mission récompense le joueur avec des cellules Furotech, utilisées pour améliorer ses armes ou sa soucoupe. Remplir les objectifs facultatifs d’une mission donne encore davantage de cellules.

L’autre élément distinguant Destroy All Humans! 2 est son humour vulgaire, bête et méchant. Le titre se moque des hippies, du « flower power », de l’amour libre, de la contre-culture, et joue sur la paranoïa de la guerre froide avec ses communistes infiltrés un peu partout à travers la planète. Lire les pensées des passants donne souvent des résultats amusants. Un militaire par exemple songe en son for intérieur : « Si ces hippies refusent d’aller se faire tuer dans un pays étranger qui ne pose aucune menace aux États-Unis, à quoi servent-ils? ». Ajoutez un acteur qui, dans le rôle de Crypto, livre une imitation plus que potable de Jack Nicholson, et on obtient un jeu nous faisant régulièrement rire à voix haute, ce qui est assez rare de nos jours.
Sans proposer la même profondeur de champ ou des textures aussi raffinées que les parutions modernes, les graphiques colorés de Destroy All Humans! 2 ont visiblement été rehaussés. Les visuels sont assez jolis, surtout pour un jeu sorti initialement il y a une quinzaine d’années, et s’affichent maintenant dans une résolution de 4K et 60 FPS. En plus d’une douzaine d’habillages différents pour Crypto et sa soucoupe, le titre offre également la possibilité de compléter l’histoire en mode coopératif en ligne avec un autre joueur. Durant la vingtaine d’heures que j’ai passé sur la campagne, je n’ai rencontré aucun bogue notable, ni de ralentissement à l’écran.
Après avoir eu droit à une version remastérisée du premier chapitre de la franchise il y a deux ans, on espérait que cette suite, supérieure à l’original à bien des égards, aie droit au même traitement. Si vous cherchez une expérience iconoclaste, originale et très drôle, Destroy All Humans! 2: Reprobed est un classique qu’il vaut la peine de découvrir, ou de redécouvrir.
7.5/10
Destroy All Humans! 2: Reprobed
Développeur : Black Forest Games
Éditeur : THQ Nordic
Plateformes : Playstation 5, Windows, Xbox Series S/X (testé sur Xbox Series X)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)