Après une séance de résonance magnétique où il a ressenti une présence si inquiétante qu’il en est venu à hurler de peur, l’auteur Théodore Moisan est plongé dans un univers en apparence similaire au sien, mais où tout semble aller de travers. Ainsi débute Résonances, le plus récent roman noir de Patrick Sénécal.
Alors qu’il a d’abord de légères pertes de mémoire, le personnage principal du récit tombe éventuellement dans un monde où les pulsions de tout un chacun finissent par être exacerbées. Le meilleur ami du « héros », enseignant au cégep, se mettra à boire au travail, à offrir des « compliments » particulièrement déplacés à ses étudiantes, et à insulter les « wokes »; sa fille ira littéralement jusqu’à castrer un serveur un peu trop entreprenant avec un couteau, en plein restaurant… Quant à la femme de Moisan, elle multipliera les fantasmes et les situations sexuelles abracadabrantes.
Bref, rien ne va plus, et notre pauvre protagoniste, incapable de comprendre la situation, se sentira peu à peu glisser vers la folie.
Le lecteur, lui, s’amusera pendant un temps à tenter de découvrir l’explication derrière ce mystère. Car explication il y a, bien sûr. Remarquez, Sénécal aurait pu choisir de ne pas en fournir, et de faire dévier le scénario vers une nouvelle direction, mais cette recherche d’une raison derrière ce chaos grandissant s’avère intéressante… pour un temps seulement.
Car le principal écueil de Résonances, c’est que le personnage principal n’est ni facile à aimer, ni détestable. Il semble uniquement être affecté par les événements, sans disposer de la volonté de découvrir leur explication, ou de pousser plus loin ses questionnements pour tirer toute cette situation au clair.
Et si l’on demeure indifférent par rapport au protagoniste d’une histoire, comment s’intéresser au reste? Quant à la grande révélation, la raison expliquant toutes ces transformations du monde de Théodore Moisan, on la voit malheureusement venir à l’avance.
Ajoutez à cela une exploration assez maladroite de la question des « wokes », et vous avez un roman assez décevant, dont les premiers chapitres sont intrigants, mais qui s’essouffle à mi-parcours, et s’avère incapable de reprendre son élan par la suite.