La proportion de détenteurs d’appartement ou de maison est en recul, au pays. Selon les plus récentes données de Statistique Canada, le taux de Canadiens propriétaires a atteint 66,5 %, en 2021, après un sommet de 69 % en 2011. Le nombre de ménages locataires a en fait bondi de 21,5 %, sur cette même période, alors que le nombre de ménages propriétaires, lui, n’a augmenté que de 8,4 %.
Selon l’agence fédérale, ce sont les plus de 75 ans qui étaient plus susceptibles d’être propriétaires de leur domicile. Cette tendance à l’impossibilité d’accéder à la propriété, ou au choix d’être locataire, est particulièrement importante chez les jeunes millénariaux, soit les personnes âgées de 25 à 29 ans : à peine 36,5 % de ceux-ci étaient propriétaires en 2021, comparativement à 44,1 % en 2011.
Comme l’indique la note d’information de Statistique Canada, cette réduction de la proportion de propriétaires – alors que le nombre total de ceux-ci n’a jamais été aussi élevé, soit 10 millions de ménages au pays – « fait suite à une période de croissance pendant laquelle le taux de propriété est passé de 63,6 % en 1996 à 68,4 % en 2006 ».
La tendance à la baisse pourrait s’expliquer par le fait que le pays compte davantage de personnes vivant seules ou avec des colocataires, deux types de situation qui sont plus difficilement compatibles avec l’idée de posséder son logement.
« En 2021, le taux de propriété enregistré au Canada (66,5 %) se classait au 23e rang parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le taux du Canada était inférieur à la moyenne de 71,5 % de l’OCDE, un taux qui représente la combinaison du taux des ménages qui étaient propriétaires à part entière de leur habitation et du taux des ménages qui avaient une hypothèque », mentionne encore Statistique Canada.
Aux États-Unis, le taux de propriétaires est similaire à celui du Canada (65,5 %), alors que la proportion est légèrement plus élevée au Mexique (69,6 %). En Europe, le taux britannique (67,3 %) est lui aussi similaire à celui du Canada, alors qu’en France, il est encore plus bas, à 61,7 %.
L’agence fédérale n’avance pas d’explication précise sur l’augmentation beaucoup plus marquée de ménages locataires au pays, depuis une dizaine d’années, mais évoque le manque de logements locatifs. De fait, indique-t-on, « le nombre d’unités sur le marché locatif expressément construites pour la location, d’après la Société canadienne d’hypothèques et de logement, a augmenté de près du cinquième de 2010 à 2020, passant d’environ 1,8 million d’unités à près de 2,2 millions d’unités. À titre de comparaison, environ 14 000 unités nettes avaient été ajoutées de 1990 à 2010 ».
Il y aurait donc « plus de logements locatifs que jamais ».
Des logements plus chers
Toujours selon Statistique Canada, les frais mensuels liés à des logements locatifs ont augmenté de 17,6 %, entre 2016 et 2021, pour passer de 910 à 1070 $ pendant cette période. Ce montant comprend le loyer, mais aussi les autres frais qui ne sont pas payés par le propriétaire, comme l’électricité, etc.
Statistique Canada ne se penche toutefois pas sur les questions de la hausse des loyers, l’un des facteurs qui empêchent bien souvent les ménages de trouver un logement locatif à un prix décent. On n’aborde pas non plus la question des « rénovictions », lors desquelles les locataires payant un prix raisonnable sont « convaincus », avec un montant d’argent ou à l’aide de diverses stratégies parfois douteuses, de quitter leur appartement, le tout sous prétexte de travaux.
Le propriétaire peut alors retourner ces logements sur le marché locatif, cette fois à un prix beaucoup plus élevé.
La note d’information mentionne aussi que le prix des logements augmente dans les grandes et petites villes de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et du Québec, mais qu’il demeure généralement stable dans les Prairies.
De 2016 à 2021, la valeur moyenne attendue des logements à la revente a de fait augmenté le plus en Ontario (+59,4 %), suivi de la Colombie-Britannique (+36,3 %) et du Québec (+29,8 %), souligne Statistique Canada.