L’anxiété est-elle le mal de notre siècle? Avec nos emplois aux horaires surchargés, cette obsession de la performance, et cette pression sociale pour toujours en faire plus, constamment, que ce soit au bureau ou à la maison, il ne fait aucun doute que nous sommes surmenés, physiquement et mentalement. Pour crever l’abcès d’un phénomène encore socialement tabou, un collectif de 11 femmes propose autant de point de vue sur l’anxiété, avec Stresse pas, minou!.
Publié chez KO Éditions, cet ouvrage rappelle, d’abord et avant tout, que l’anxiété n’est non seulement pas une maladie qui frappe une seule personne, ou encore un petit groupe de personnes, mais surtout que la maladie peut se combiner à bien d’autres facteurs pour donner ce qui semble s’approcher de la tempête parfaite, celle qui vous donnera envie de vous rouler en boule dans votre lit, sous le coup d’une attaque soudaine.
À l’instar de plusieurs autres problèmes de santé mentale, l’anxiété ne se « voit » pas : une crise de panique sera probablement accompagnée de symptômes physiques, soit, mais aucun « bubon anxieux » ne poussera sous vos aisselles, ou sur votre front.
Pire encore, les facteurs pouvant déclencher l’anxiété sont multiples, comme l’écrivent les autrices du collectif. Pour l’une, tout cela est lié à la grossophobie dont elle a toujours été victime. Pour l’autre, c’est le surmenage qui se combine à tout le bagage mental, émotionnel et physique du fait d’être mère de deux jeunes enfants. Une troisième, artiste connue, verra que le vitriol qu’elle reçoit régulièrement dans l’espace public est particulièrement néfaste pour sa santé mentale.
Toutes, elles présentent leur vision de l’anxiété, leur vie, leur existence pouvant parfois être chamboulée en un instant. Et chacune le fait évidemment à sa façon, parfois avec des méthodes de rapporter les faits, les émotions, qui sont connues – on pense à Catherine Éthier, par exemple, ou encore à Vanessa Destiné. Pour les autres, ce sont des plumes que l’on découvre, toujours avec grand intérêt, et même du plaisir, malgré le fait que le sujet soit passablement complexe et que le ton ne se prête généralement pas à la blague…
Stresse pas, mon minou! tient autant du coup de gueule, du cri du coeur que du cri de ralliement. Car en couchant par écrit ce qu’elles ressentent, ce qu’elles vivent au plus profond d’elles, ces femmes, toutes autant qu’elles sont, rappellent qu’elles ne sont pas seules… Et, surtout, que malgré cette anxiété qui vient parfois les ronger, elles ne se définissent certainement pas uniquement par leur maladie.
Ouvrage touchant; ouvrage enveloppant, telle une couverture confortable; ouvrage fracassant, Stresse pas, mon minou! est un recueil plus que nécessaire.