Après quatre saisons de sécheresse consécutives en Somalie, l’Organisation des nations unies (ONU) tire la sonnette d’alarme et évoque une possible famine qui pourrait affecter des centaines de milliers, voire des millions de personnes vivant dans ce pays de la Corne de l’Afrique.
Lors d’une conférence de presse tenue à Mogadiscio, la capitale de ce pays ravagé par des décennies de guerre civile, Martin Griffiths, chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, a fait savoir que « la famine frappe à la porte », et que la catastrophe pourrait survenir « entre octobre et décembre ».
M. Griffiths a aussi dit être « profondément choqué ces derniers jours par le niveau de douleur et de souffrance qu’endurent tant de Somaliens ».
« Je le répète : il s’agit d’un dernier avertissement pour nous tous », a insisté le chef d’OCHA, ajoutant que la situation et les tendances ressemblent à celles observées lors de la famine de 2010-2011. Sauf que maintenant, ces prévisions sont « pires », selon des extraits de son discours diffusés sur le site web des Nations unies.
Voilà quatre saisons des pluies « ratées » qui s’abattent sur la population déjà ébranlée par « des décennies de conflit, des déplacements massifs, de graves problèmes économiques, qui ont poussé de nombreuses personnes au bord de la famine ».
Toujours selon l’ONU, ces conditions devraient se maintenir au moins jusqu’au mois de mars 2023.
Dans l’ensemble du pays, près de la moitié de la population, soit 7,8 millions de personnes, est touchée par ce que l’ONU décrit comme une « sécheresse historique ». De ce nombre, 213 000 habitants sont « en grand danger de famine ».
« Je suis triste de dire que je ne suis pas surpris par ces résultats. Le temps est compté, et il sera bientôt écoulé. Mais la panique n’aide pas ceux qui ont besoin de notre aide et qui la méritent », a ajouté M. Griffiths.
Pire encore, c’est un million et demi d’enfants somaliens qui seront confrontés à la malnutrition aiguë d’ici le mois d’octobre, précise l’organisation humanitaire. Certains de ces enfants étaient « si malnutris qu’ils pouvaient à peine parler », a lâché M. Griffiths.
Un médecin en poste dans le pays aurait par ailleurs indiqué qu’il avait constaté que « 40 à 50 % » plus d’enfants se trouvaient à l’hôpital, comparativement aux nombres recensés quelques semaines auparavant, une autre preuve de l’impact des mauvaises conditions climatiques, économiques et sécuritaires sur les civils.
Pour pouvoir s’attaquer efficacement au problème de la faim, M. Griffiths réclame que les travailleurs humanitaires disposent d’un accès direct à l’ensemble de la population. Une demande complexe dans un contexte où des milices intégristes continuent de multiplier les attaques, souvent directement dans la capitale même.
La Somalie avait été frappée en 2011-2012 par une famine qui a fait environ 260.000 morts, dont la moitié était des enfants de moins de cinq ans. L’état de famine avait été déclaré dans plusieurs secteurs du sud et du centre du pays entre juillet 2011 et février 2012, rappellent les Nations unies.
Une situation similaire s’était produite en 2017, mais la catastrophe avait été évitée grâce à l’intervention de la communauté internationale. « Aujourd’hui, nous sommes à la dernière minute de la onzième heure pour sauver des vies », a encore déclaré M. Griffiths.