Divertir non seulement en éduquant le public, mais en donnant aussi l’occasion à des étudiants de faire leurs preuves : pour la troisième édition du partenariat entre le studio Reflector Entertainment et l’école ISART Digital, le titre Lorekheim : Rise of a Fallen World permet de sauver le monde. Le tout en 15 minutes, maximum. Rencontre.
Au bout du fil – ou plutôt de la rencontre vidéo à distance, l’époque étant ce qu’elle est –, Christopher Cimbaro, chef d’équipe technique chez Reflector, ne tarit pas d’éloges à propos de ce projet dans le cadre duquel il a agit comme mentor auprès d’un petit groupe d’étudiants.
Ces derniers, au nombre de huit, ont travaillé entre septembre 2021 et la fin du printemps pour concevoir et développer leur produit.
« La première année où nous avons offert le programme, nous n’avons pas imposé de thème; à partir de l’année suivante, nous nous sommes dit que cela pourrait être très intéressant d’imposer un thème aux étudiants, et que ces thèmes soient sociétalement intéressants, c’est-à-dire qu’ils concernent des problèmes de société », mentionne M. Cimbaro.
« L’an dernier, nous avons travaillé sur le thème du spectre du trouble de l’autisme. Et donc, cette année, le thème était l’environnement. Et j’aime quand nous arrivons chez ISART et que nous indiquons être à la recherche d’équipes qui veulent travailler là-dedans. C’est plus facile lorsque vous avez un thème déjà choisi, un carré de sable qui est défini, plutôt que le Sahara, et après, il faut arriver à définir la zone de jeu, là-dedans. »
Toujours selon M. Cimbaro, l’équipe derrière Lorekheim avait déjà, avant même l’annonce du thème choisi pour l’édition 2021-2022 du programme, envisagé de concevoir un titre portant sur le thème de l’environnement. « Nous avons un peu trouvé nos âmes soeurs de développement, au sein de ce projet. »
Dans le jeu, d’ailleurs, le héros doit équilibrer sa consommation d’énergie et parvenir à nettoyer la planète des traces d’un Grand Mal qui s’est abattu sur le monde, sans toutefois aller trop loin et épuiser les mêmes ressources qu’il tente de préserver. Développé à l’aide de l’engin Unreal 4, le titre, d’une durée d’une quinzaine de minutes, se termine avec un affrontement contre un méchant de fin de niveau. Le tout est disponible sur la plateforme itch.io, l’un des endroits de prédilection pour les développeurs indépendants.
Aller chercher de l’expertise
Ce partenariat entre Reflector et ISART sert aussi de porte d’entrée dans le monde du jeu vidéo; si les étudiants suivent déjà leurs cours en alternance, avec des passages en entreprise, la conception d’un titre comme Lorekheim permet directement aux futurs concepteurs de jeux de se concentrer, lorsque l’occasion se présente, sur les domaines qui les intéressent le plus.
Mais on a beau posséder toute la bonne volonté du monde, et ne plancher « que » sur un projet dont la durée oscille entre 10 et 15 minutes, développer un jeu vidéo prend du temps et beaucoup de ressources. « Le plus dur, à mes yeux, dans le jeu vidéo, c’est de (…) respecter des contraintes de temps, d’argent… Tout cela est relié », souligne Christopher Cimbaro.
« Là, les étudiants ont un temps défini, une taille d’équipe définie; comme tous les projets, qu’ils soient professionnels ou étudiants, au début, on a des attentes, une volonté de faire quelque chose de gigantesque. Et petit à petit, on apprend à recadrer. J’ai tendance à faire le parallèle que ce qui résulte, de ce travail avec les étudiants, c’est le nectar de leur projet. »
Le terme nectar vient ainsi correspondre à la durée du projet, c’est-à-dire une quinzaine de minutes, un laps de temps où les gens de chez Reflector « demandent aux étudiants de restituer l’ensemble de ce qu’ils voudraient faire, dans leur jeu vidéo ».
En ce sens, un jeu d’action et d’exploration à la troisième personne, comme dans Lorekheim, se prête bien plus facilement à l’exercice qu’un jeu de stratégie à grand déploiement, ou encore un jeu de gestion.
« Cette année, l’équipe a été très maligne, et a décidé de faire un jeu d’aventure avec un boss fight; alors, ça permet de vivre une première expérience, mais de A à Z », mentionne Christopher Cimbaro.
« C’est un très bon exercice; ce n’est pas facile à faire, mais ils ont très bien relevé le défi. »
Et quelle est la suite des choses, pour les étudiants derrière Lorekheim? Certains d’entre eux ont déjà manifesté leur intérêt pour venir travailler chez Reflector, indique M. Cimbaro. Pour les autres, nul doute qu’avec ce projet à leur actif, ils seront en mesure d’aller chercher l’expérience et les habiletés nécessaire pour se faire un nom dans l’industrie.
Cette entrevue est également disponible en version audio: