Certains ont accusé Naughty Dog d’être principalement motivé par l’argent en ressortant The Last of Us Part 1 dans une version optimisée pour la PS5, mais quand on constate à quel point le titre a été amélioré, et pas seulement visuellement, il est clair que ce remake est motivé par l’envie des développeurs de profiter de la puissance des consoles de cette génération pour réaliser pleinement leur vision originale.
La fin du monde peut se manifester de bien des façons, et dans The Last of Us Part 1, ce sont les spores d’un champignon, transformant les gens affectés en fous furieux meurtriers, qui sont responsables de la loi martiale, du rationnement des denrées alimentaires, et ultimement, de l’effondrement total des gouvernements et de la civilisation, il y a déjà 20 ans.
Dans le jeu, on incarne Joel, un père de famille qui ne s’est jamais remis de la mort de sa fille, Sarah, et qui, avec sa partenaire Tess, s’adonne à la contrebande pour survivre. Lorsque sa livraison d’armes tombe entre les mains des Lucioles, le groupe de résistants lui propose de sortir un colis de la zone de quarantaine de Boston en échange de sa cargaison. Le « colis » en question est une adolescente de 14 ans, Ellie, qui, trois semaines après avoir été mordue par une personne infectée, ne manifeste toujours aucun symptôme. Grâce à son immunité, la jeune femme pourrait bien être la solution pour trouver un vaccin contre l’infection cérébrale par Cordyceps. Commence alors un dangereux périple pour Joel et Ellie, à travers une Amérique dévastée.
Grâce à une histoire prenante, à des personnages débordant d’humanité, à une atmosphère sinistre et une interface à l’écran minimale, The Last of Us Part 1 est incroyablement immersif, et on est rapidement absorbé par cette expérience intense, qui, au-delà de l’action, compte son lot de moments émotifs et déchirants, alors que des liens se tissent entre Joel et l’adolescente lui rappelant la fille qu’il a perdu. Plongé dans l’horreur, on se surprend souvent à retenir son souffle, et nos mains se font moites en affrontant des dangers à glacer le sang dans des environnements à la beauté dévastée. Bien qu’ils possèdent plusieurs similarités avec les morts-vivants, les infectés dans le jeu ne sont pas des zombies, et se déplacent avec une rapidité fulgurante. Comme c’est souvent le cas dans ce genre d’histoire postapocalyptique, les humains, ne reculant devant rien pour assurer leur survie et attaquant leurs concitoyens sans pitié, se révèlent encore plus monstrueux que les êtres difformes menaçant l’humanité.
Bien qu’il ne manque pas d’action, bien au contraire, The Last of Us Part 1 mise davantage sur la survie. On y retrouve bien sûr une panoplie d’armes, comme des revolvers, des carabines, des fusils de chasse ou des arcs, mais dans une Amérique en ruines, les munitions sont plutôt rares. La furtivité est, la plupart du temps, la meilleure approche pour faire face aux dangers parsemant notre route, et à des groupes de belligérants en supériorité numérique. Le joueur dispose d’un mode « écoute », lui permettant de distinguer la silhouette des adversaires à travers les murs et les objets. Un demi-cercle blanc s’agrandit à l’écran lorsqu’on est repéré. Il est donc préférable de s’accroupir, et d’approcher l’ennemi par-derrière, afin de l’étrangler sans faire de bruit et ne pas rameuter ses complices. On peut également lancer des briques ou des bouteilles pour faire diversion, et se faufiler à travers une zone sans avoir à se battre.
L’exploration est essentielle pour survivre dans The Last of Us Part 1. On récolte différentes matières premières dans les maisons et les édifices en ruines, servant à fabriquer des items essentiels pour notre survie. L’alcool et le tissu sont utilisés pour les kits médicaux ou les cocktails Molotov. Une lame et du ruban adhésif se transforment en surin, utile pour poignarder un ennemi ou crocheter les serrures. Le sucre et les explosifs donnent des fumigènes, et un explosif combiné avec une lame produit une bombe artisanale. Des stimulants permettent d’améliorer nos compétences, augmentant la santé maximum, l’efficacité des kits de guérison, la portée du mode écoute, ou diminuant l’instabilité des armes à feu. Des manuels d’entraînement bonifient la qualité et la durabilité des objets que l’on fabrique. La ferraille sert à améliorer ses armes lorsqu’on trouve un établi. On compte aussi des objets à collectionner, dont des notes écrites par des survivants, des exemplaires de la bande dessinée Savage Starlight, ou des pendentifs des Lucioles.
Les développeurs chez Naughty Dog ne se sont pas contentés de mettre une nouvelle couche de peinture à l’expérience, mais l’ont recréé de A à Z, de l’architecture de certains décors en passant par les modélisations et les animations faciales des personnages, et un rééquilibrage des combats. Le résultat est à couper le souffle. On trouve un mode résolution, affichant des visuels en 4K à 30 images par seconde, et un mode performance, s’affichant en 1440p à 60 images seconde, mais dans les deux cas, les rendus de The Last of Us Part 1 sont splendides, et il n’y a pas de transition entre les cinématiques et le jeu en tant que tel tellement les graphiques sont beaux. Reflet des personnages dans les vitres, saleté des vêtements, particules de poussière flottant dans l’air, visages réalistes et expressifs avec leurs rides et leurs ecchymoses, la quantité de détails impressionne, et donne vie comme jamais auparavant à cet univers glauque. Le titre inclut également plusieurs ajouts du côté de l’accessibilité, ainsi qu’un mode de jeu où la mort est permanente.
The Last of Us Part 1 était déjà un classique, mais avec cette nouvelle mouture, le jeu frôle maintenant la perfection, et ce remake constitue l’occasion idéale pour découvrir (ou redécouvrir) ce chef-d’œuvre de Naughty Dog.
9,5/10
The Last of Us Part 1 Remake
Développeur: Naughty Dog
Éditeur: Sony Interactive Entertainment
Plateformes: PlayStation 5, Windows (testé sur PS5)
Jeu disponible en français (textes à l’écran et voix parlées)