Les désinformateurs ont de beaux jours devant eux : sans surprise, une nouvelle étude confirme que le fait d’être exposé à de fausses informations sur les vaccins accroît l’hésitation vaccinale et, en conséquence, réduit l’intention de se faire vacciner.
Les chercheurs de Corée du Sud et des États-Unis qui ont publié cette étude le 11 août dans la revue Scientific Reports y ajoutent toutefois un élément nouveau : tout type de fausse information sur les vaccins semble être en cause, y compris les informations de type « complotiste » qu’on aurait pu croire plus difficiles à faire passer pour crédibles. À deux groupes (des « professionnels » et des « étudiants ») les chercheurs ont demandé s’ils avaient été exposés à des informations sur la COVID telles que « les vaccins sont dangereux ». Plus de la moitié ont répondu par l’affirmative, et ce sont ceux-là qui ont été le plus à risque de voir augmenter leur hésitation face à la vaccination, peu importe le type de faussetés en question.
L’hésitation vaccinale, rappellent les chercheurs dans leur introduction, est un phénomène bien plus ancien que la COVID, et dont les causes sont multiples —sociales, culturelles et politiques. « Les hésitants sont un groupe hétérogène », précisent-ils: par exemple, le niveau de scolarisation n’apparaît pas, dans les études récentes, comme étant un facteur dominant. En revanche, le fait d’avoir adhéré à des théories du complot semble en être un : comme il s’agit souvent de théories qui proposaient, bien avant la pandémie, une vision du monde où des forces obscures conspiraient dans le secret pour atteindre leurs objectifs, il n’est pas étonnant que de nouvelles fausses informations sur les vaccins qui collent à cette vision du monde, aient eu plus de chances d’être acceptées par ces personnes.
Parmi le groupe de quelque 500 professionnels interrogés en 2021, la fausse information la plus souvent partagée était celle voulant que les vaccins contre la COVID contiennent une micropuce électronique pour suivre les gens à la trace.
À l’inverse, ceux qui ont le mieux répondu aux questions de connaissances générales sur les vaccins semblent moins susceptibles de tomber dans les pièges des désinformateurs.
L’étude a ses limites : dans leurs réponses sur leur degré d’exposition à des infos sur la COVID, des gens ont pu ne pas penser à des exemples pertinents, ou ne pas vouloir donner l’impression qu’ils avaient été exposés à des infos qu’ils savent être douteuses.
Mais l’étude tend à confirmer les signaux d’alarme entendus depuis le début de « l’infodémie » (ou épidémie de fausses nouvelles autour de la pandémie) : lorsque la fausse information pénètre un terrain fertile, elle peut avoir un impact tangible et mesurable sur la santé d’une population. « La désinformation en santé peut tuer des gens, directement et indirectement. »