En 2019, l’étoile Bételgeuse avait connu un épisode de ce qu’on avait appelé un grand assombrissement : sa luminosité avait diminué d’au moins un quart. L’étoile a, depuis, repris sa brillance, mais elle continue d’avoir un comportement étrange.
Ce qui s’était passé à l’automne 2019 était l’expulsion par Bételgeuse d’une énorme quantité de matière — assez pour masquer à nos yeux une partie de l’étoile, et donner l’impression de cette perte de luminosité. Mais les causes de cette expulsion sont plus profondes et expliquent sans doute que l’étoile n’ait pas encore récupéré.
L’événement de 2019 serait survenu au moment où l’étoile était au sommet de son cycle de 400 jours, coïncidant avec l’apparition d’une région plus chaude à sa surface. L’expulsion de matière qui en avait résulté représentait des milliards de fois ce que représentent les éruptions les plus massives de notre Soleil. Ce qui explique qu’elle soit apparemment, aujourd’hui encore, « débalancée » : elle a perdu son cycle de « battements » de 400 jours qu’on lui connaissait depuis deux siècles. Ce rythme semble pour l’instant s’être accéléré. Et sa surface oscille d’une façon anormale, notent dans leur étude des astrophysiciens du Centre Harvard-Smithsonian d’astrophysique et d’institutions de deux autres pays.
Mais au-delà de la curiosité astronomique que tout cela représente, Bételgeuse n’est pas en bonne santé : c’est une étoile massive — une supergéante rouge — qui approche de son inévitable fin de vie. Certains théoriciens prédisent qu’elle va mourir dans une explosion finale —une supernova— susceptible de survenir dans « seulement » 10 000 ans. D’autres placent une date plus lointaine, ou spéculent sur une mort moins spectaculaire. Dans tous les cas, le fait qu’elle soit dans notre voisinage — à peine 430 années-lumière, dans la constellation d’Orion — offre une occasion rare d’observer ces phénomènes étranges. Une autre expulsion massive de matière est ainsi prévue pour 2026.
Le scénario du pire — une supernova — ne représente pas un risque pour nous : il faudrait pour cela être 10 fois plus près. Mais le spectacle risque d’être impossible à manquer dans le ciel.