Avant que la série ne prenne une tournure résolument centrée autour de scènes d’action toujours plus incroyables, avec cascades à la clé et armes nucléaires à désamorcer, Mission : Impossible était, à la base, une histoire d’espionnage avec un côté un peu loufoque ou improbable. Et c’est largement ce qu’a accompli Brian De Palma dans le premier film de cette saga avec Tom Cruise, sorti en 1996.
La structure sera familière pour ceux qui ont déjà vu l’un des épisodes de la série télé, dans les années 1960 : une équipe d’agents secrets est mise sur pied pour accomplir ce qui semblerait impossible, au premier abord. Le hic, cette fois, c’est que la mission tourne mal, tous les membres de l’équipe – sauf un jeune Tom Cruise – sont tués, et ce dernier est soupçonné, par ses patrons de la CIA, d’être une taupe infiltrée au sein de l’organisation et de vouloir vendre de dangereux secrets au plus offrant.
S’engage alors une course-poursuite sur deux continents, poursuite qui impliquera d’aller voler des informations ultrasecrètes dans les bureaux mêmes de la CIA, à Langley, en Virginie, avec la célèbre scène d’acrobaties devant se dérouler dans un silence total, mais aussi sans échapper quoi que ce soit par terre.
On savait déjà que M. Cruise aimait les cabrioles et les cascades, mais ce film fut effectivement l’occasion de prouver qu’il pouvait jouer un rôle disposant d’une certaine profondeur d’esprit, tout en s’adonnant aux exercices physiques qu’il semble particulièrement apprécier.
Et oui, la fameuse séquence de la fin, avec l’action à bord du train qui file à toute vitesse vers le tunnel sous la Manche, et qui finira par impliquer la destruction d’un hélicoptère piloté par Jean Reno, alors que Cruise utilisera son fameux chewing-gum explosif, a marqué les esprits, mais on trouve peut-être là, en fait, les origines d’un certain dérapage vers le film d’action pure et dure.
Ce qui est le plus intéressant, en fait, ce ne sont pas ces effets spéciaux, mais plutôt le jeu de tromperies, de mensonges, de faire-semblant, de déductions… Tout le processus de réflexion qui permettra au personnage de Tom Cruise, Ethan Hunt, de découvrir l’identité de la taupe, qui est aussi responsable de la mort de plusieurs de ses coéquipiers.
Ultimement, la déclinaison de 1996 de Mission : Impossible représente une tentative d’arrimage entre l’espionnage cérébral de John Le Carré et celui très largement physique et spectaculaire de James Bond. Et à voir que le sixième épisode de cette série doit sortir l’an prochain, près de 30 ans après ses débuts, on peut constater que cette première adaptation était réussie.