En plus des symptômes couramment associés aux menstruations — crampes, ballonnements, maux de tête, fatigue — de nombreuses femmes rapportent une faim accrue. Le corps a-t-il vraiment ce besoin supplémentaire d’énergie, ou faut-il blâmer les hormones, se demandent l’Organisation pour la science et la société et le Détecteur de rumeurs.
Une façon de le savoir est appelée le taux métabolique de base (ou calcul du métabolisme de base), désigné par l’acronyme anglais BMR. Il s’agit de la quantité d’énergie que notre corps dépense lorsqu’on est au repos.
Il peut être mesuré de multiples façons, mais la plus commune est la quantité d’oxygène qu’une personne inspire et/ou la quantité de dioxyde de carbone qu’elle expire au repos. En utilisant la formule de Weir, on peut déduire le nombre de kilocalories que notre corps brûle par jour au repos.
Parenthèse: les « calories » auxquelles on réfère couramment, et qui sont indiquées sur les emballages, sont en fait des kilocalories. Lorsque « calorie » est écrit avec un C majuscule, c’est censé désigner des kilocalories. À la base, 1 Calorie = 1 kilocalorie = 1000 calories.
Si la menstruation causait des demandes énergétiques accrues, on devrait donc l’observer dans le BMR de ces femmes durant la période en question.
Plus facile de détruire que de construire
Il se trouve que le BMR lors des règles diminue lors de la période des saignements. Ce taux métabolique de base atteint son point le plus bas une semaine après le début des menstruations, avant de constamment augmenter jusqu’au début des règles suivantes. Cette courbe semble correspondre aux variations de l’épaisseur de la muqueuse endométriale tout au long du cycle.
Bien que la menstruation soit, du point de vue de la personne qui la subit, la partie la plus pénible du cycle menstruel, c’est en fait la partie la plus facile pour le corps. L’utérus prend trois semaines à construire une muqueuse endométriale d’une épaisseur d’environ 11 millimètres, pleine de glandes et de vaisseaux sanguins, ce qui n’est pas une mince affaire. S’en départir lors des règles est beaucoup plus simple.
Pour le corps, la portion énergivore du cycle menstruel est donc la période des jours 8 à 28, durant laquelle l’organisme crée de la chair, et non pas les jours 1 à 7, lorsque cette chair est démantelée et expulsée. Toutefois, l’utérus n’est pas complètement inactif. Il se contracte tout au long du cycle menstruel, mais de manière particulièrement puissante durant les saignements.
La question demeure donc : si ce n’est pas causé par un taux métabolique accru, pourquoi l’appétit se fait-il sentir juste avant ou pendant les règles?
La faute (en partie) aux hormones
Dès 2012, des recherches avaient établi que les progestatifs, comme la progestérone, pouvaient stimuler l’appétit. Les taux de cette hormone culminent environ une semaine avant le début de la menstruation, ce qui aide à expliquer les petits creux des jours précédant les règles.
Dans la même optique, bien que le BMR baisse durant la menstruation, il est à son maximum juste avant. Les variations de ce taux durant le cycle menstruel ont été estimées par des chercheurs à environ 8 %, soit 164 calories. C’est l’équivalent des trois quarts d’une barre de chocolat, ou d’environ une orange et demie. Rien de massif, mais assez pour avoir un impact sur la faim avant les règles.
Néanmoins, tout le blâme ne peut être porté par les changements corporels. Manger est réconfortant: lorsqu’on est aux prises avec des crampes douloureuses ou même avec des émotions, les aliments réconfortants deviennent particulièrement utiles.
Verdict
Bien qu’on puisse sentir la faim juste avant les règles, ou pendant, il n’est pas indispensable d’avaler davantage de calories. Il y a une petite augmentation de la demande calorique pendant les deux semaines conduisant aux menstruations, mais elle est suffisamment petite pour s’intégrer dans les fluctuations normales d’un régime.