Personne ne se plaindra que l’inflation montre cette semaine des signes d’essoufflement. Mais à plus long terme, il faut se faire à l’idée que les changements climatiques auront inévitablement un impact sur la hausse des prix, à supposer qu’ils n’aient pas déjà commencé à en avoir un.
Il y a bien sûr le prix des aliments. Des sécheresses doublées de vagues de chaleur dévastatrices font actuellement grimper le prix du blé dans les États du centre des États-Unis, le prix du coton au Texas, et le prix de la viande et du lait en Europe.
Mais les canicules ont des impacts qui vont bien au-delà des terres brûlées: la Chine doit en ce moment fermer des usines pour économiser l’énergie, dans le contexte d’une vague de chaleur qui bat un record de 60 ans. Or, ces usines fabriquent entre autres des puces électroniques, ce qui aura un impact sur toute la chaîne de production des ordinateurs.
C’est sans compter qu’une canicule affecte le monde du travail: elle oblige à ralentir la production pour protéger la santé des travailleurs, elle augmente le nombre de gens qui doivent prendre congé, et elle permet à d’autres de réclamer de meilleures conditions de travail. Ce qui a tôt ou tard un impact sur les prix.
Une augmentation des précipitations extrêmes ou des grandes tempêtes s’est d’ores et déjà traduite ces dernières années par une augmentation des primes d’assurances, au point où de plus en plus de propriétaires cessent de les payer. Mais ces dégâts signifient aussi des factures de reconstruction et de rénovation plus élevées — des factures qui sont souvent assumées par les gouvernements, mais qui doivent faire affaire avec des compagnies qui ne sont pas en nombre illimité.
Et là aussi, il y a un impact majeur sur l’agriculture. Une recherche australienne justement parue la semaine dernière dans la revue Nature parle de l’effet « en cascade » des changements climatiques et des événements météorologiques extrêmes: pertes d’emplois et de revenus, impacts sur la santé en raison, par exemple, de la plus grande difficulté à obtenir des aliments nutritifs, le tout s’accumulant d’une région à l’autre et d’un secteur à l’autre. « Nos résultats montrent que les impacts post-désastre sont larges et diversifiés, dû à la nature interconnectée des chaînes de distribution. Les fruits, les légumes et le bétail sont les secteurs [de l’économie] les plus affectés, avec des effets s’étendant aux secteurs non-alimentaires, comme les services de transport… Les communautés rurales étant les plus affectées. »