Femme monoparentale, mais aussi occupant un poste intéressant à l’université et plongée dans un important travail de recherche, une femme succombe malgré tout aux charmes mystérieux de son amant russe. Dans Passion simple, un film réalisé par Danielle Arbid, il est question d’exploration de soi, de ses désirs, mais aussi de la construction de son existence comme femme, amante et mère.
Cette femme, c’est Hélène, magnifiquement interprétée par Laetitia Dosch. Tombée dans les bras d’Alexandre, joué par Sergueï Polounine sous la forme d’un homme ténébreux, mystérieux, peu loquace, voire volontairement silencieux, la femme dans la quarantaine (ou est-ce la fin trentaine?) est transportée, emportée par ses émotions, qui viennent autant de sa tête que de ses trippes, ou encore de son sexe.
Passion simple est-il « uniquement » un film érotique? Un peu porno sur les bords, l’oeuvre est directe, en présentant sans ambages les relations très physiques entre nos deux protagonistes. On aurait tort, toutefois, de résumer le tout en affirmant qu’il ne s’agit que de sexe; au contraire, s’il y a effectivement une observation directe des rapports sexuels, l’oeuvre est surtout une visite dans la psyché d’Hélène.
Après tout, qui a dit que les femmes n’avaient pas droit au plaisir? Ni qu’elles n’avaient pas droit de séduire, ou d’être séduites? Et qui n’a jamais fauté, s’abandonnant au plaisir même s’il existe un ou une autre, quelque part, une personne dont on ignore parfois l’apparence, ou même encore le nom?
Il faut voir, aussi, cette équation entre cet abandon au désir – et à l’amour, ne l’oublions pas –, et cette transformation d’Hélène qui devient une femme plus affirmée, plus sûre d’elle, mais aussi plus distraite lorsque vient le temps de s’occuper de ses autres obligations. Celles d’enseignante, celles de travailleuse autonome, celles de mère.
Ultimement, la réflexion du film – et, par extension, potentiellement celle de l’actrice, ou encore de la réalisatrice – s’articule autour de la complexité des relations charnelles et sentimentales, surtout lorsque les circonstances sont… troubles. Ironie du sort, c’est bien souvent quand les circonstances sont troubles que ces relations sont les plus intenses. Un peu comme si, à force d’être fascinés par les flammes, on s’en approchait peu à peu, au risque de s’y brûler.
Passion simple est peut-être un peu trop direct pour son propre bien, avec sa fin qui est claire, efficace, mais sans surprise, sans retournement de situation ou moment assez fort pour marquer durablement les esprits. On en retiendra cependant une esthétique fort léchée, un female gaze qui change heureusement de l’ordinaire en la matière.