L’aide des parents avec les devoirs de leur enfant n’a pas d’impact significatif sur les accomplissements académiques à l’école primaire, selon des chercheurs du Penn State College of Education.
« Il n’existe aucune association statistiquement significative entre l’aide parentale aux devoirs, au primaire, et les accomplissements des enfants, point barre », affirme Katerina Bodovski, professeure en éducation.
Mme Bodovski est la principale autrice d’une nouvelle étude intitulée Parental Help With Homework in Elementary School : Much Ado About Nothing?, qui a été publiée dans le Journal of Research in Childhood Education.
L’étude en question, qui s’appuie sur deux bases de données à l’échelle des États-Unis, n’a pas révélé d’association statistiquement importante entre l’aide aux devoirs des parents et les accomplissements des enfants.
De plus, cette relation entre l’aide et les résultats n’a pas varié en fonction du niveau d’éducation du parent, ou l’ampleur des accomplissements de l’enfant.
Toujours selon Mme Bodovski, l’aide aux devoirs des parents a longtemps été mise de l’avant, par les éducateurs et les décideurs, comme un mécanisme efficace pour aider les enfants à réussir à l’école. En fait, le département américain de l’Éducation fait la promotion des devoirs comme une « opportunité d’apprentissage pour les jeunes, et pour que les familles s’impliquent dans l’éducation de leur enfant ».
D’un autre côté, explique la professeure, un certain nombre d’études ont démontré l’impact négatif de l’aide parentale lors des devoirs, en ce qui concerne les accomplissements des enfants. Cette relation négative a été expliquée par le fait que les parents tendent à aider les enfants qui éprouvent de la difficulté, et que leurs efforts n’étaient pas suffisants pour surmonter les manquements des élèves.
En utilisant des modèles statistiques plus sophistiqués, qui tiennent compte de variables comme le statut socioéconomique et l’éducation des parents, les chercheurs n’ont pas plus trouvé d’impact de l’aide des parents sur les accomplissements de leurs enfants d’âge primaire en mathématiques et en lecture.
Trois mécanismes à surveiller
Dans leur étude, les chercheurs suggèrent trois mécanismes potentiels qui pourraient venir contrer les effets bénéfiques possibles de cette aide parentale : la perte cognitive, les effets négatifs sur le climat émotionnel du ménage et la responsabilité reportée.
Puisqu’il n’est pas possible d’assumer que les parents possèdent une expertise en éducation ou en psychologie du développement, ou qu’ils sont même familiers avec le système d’éducation du pays où s’est déroulée l’étude, dans ce cas-ci, les États-Unis –puisqu’environ le quart des enfants allant à l’école, chez l’Oncle Sam, ont au moins un parent immigrant –, Mme Bodovski juge qu’ils pourraient ne pas posséder les capacités pour guider correctement leur enfant pour que celui-ci puisse ensuite solutionner les problèmes par lui-même.
Il en résulterait que les parents pourraient simplement offrir la bonne réponse, ce qui vient annuler les bénéfices cognitifs de la résolution de problèmes.
« Si l’objectif des devoirs, pour l’enfant, est de pratiquer des habiletés, ou des savoirs appris à l’école, tout cela est perdu si c’est le parent qui fait le travail », mentionne la chercheuse.
De plus, toujours selon Mme Bodovski, l’implication intensive des parents, sur une base quotidienne, pourrait accroître le stress au sein du ménage. En ce sens, la chercheuse évoque de précédents travaux en sociologie, qui ont révélé que les parents impliqués dans la résolution des devoirs de leur enfant pourraient imposer plus de pression que nécessaire, ou pourrait permettre que leurs enfants adoptent certains comportements qui ne seraient pas tolérés en classe. Cela pourrait aussi favoriser le conflit entre les parents, ou entre les parents et leur enfant.
Finalement, selon les chercheurs, l’aide parentale aux devoirs « pourrait contribuer à un sentiment de responsabilité reportée chez les enfants », et les priver de l’opportunité d’acquérir des capacités telles que la possibilité de savoir bien gérer son temps.
« Les enfants n’ont pas l’occasion de vivre des moments difficiles », indique encore Mme Bodovski. « L’école primaire s’articule autour de la croissance des connaissances, mais aussi du développement des capacités et habitudes de l’enfant. »
La chercheuse mentionne cependant que les parents peuvent aider à structurer les accomplissements académiques de leur enfant en « jetant les bases » du succès. D’autres études, ajoute-t-elle, ont démontré que des pratiques parentales comme le fait d’établir des attentes élevées et de discuter de sujets liés à l’école, avec leurs enfants, peut être bénéfique pour leur apprentissage.