Lors d’un arrêt de campagne en Iowa, en 2016, Donald Trump avait déclaré qu’il « pouvait se tenir au milieu de la Cinquième Avenue (à New York), tirer sur quelqu’un » et ses intentions de vote ne diminueraient pas. Avait-il raison? Quelles sont les limites à ne pas franchir, pour des candidats électoraux, aux États-Unis? Et sont-elles les mêmes pour les électeurs républicains et les électeurs démocrates?
Ces enjeux sociopolitiques sont mis de l’avant dans une nouvelle étude publiée dans le Journal of Social and Political Psychology, qui explore la façon dont les électeurs prennent des décisions à propos de leurs intentions de vote lorsqu’ils apprennent que leurs candidats favoris ont commis des transgressions morales.
Des chercheurs de l’Université de l’Illinois, à Chicago, ont créé une échelle comptant 70 transgressions différentes, comme le fait de voler 1000 $ ou de commettre une fraude fiscale, dont la gravité augmente continuellement.
Dans le cadre de cette étude, les participants devaient prendre une série de décisions électorales lorsqu’ils décidaient de voter pour un candidat d’un même groupe, ou pour un candidat externe, pour élire un membre de la Chambre des représentants.
Lors de chacune de ces 70 évaluations, les participants ont appris que le candidat de leur propre groupe politique avait commis une transgression, dont l’importance allait de faible à très grande.
« En créant cette évaluation à plusieurs volets, nous avons pu déterminer que les gens tendaient à laisser tomber les candidats préférés lorsqu’ils apprenaient que ceux-ci étaient impliqués dans des vols dont la valeur dépassait 10 000 $, ou dans des actions qui impliquaient des blessures pour des personnes innocentes, personnes qui avaient ensuite besoin de traitements médicaux importants », a indiqué Kathryn Howard, candidate au doctorat en psychologie et principale autrice de l’étude.
Les chercheurs ont aussi découvert d’importantes différences idéologiques entre les républicains et les démocrates.
Les premiers avaient ainsi davantage tendance à demeurer fidèles à leur candidat, même après avoir appris qu’il avait commis un impair passablement grave, comme « payer un témoin pour donner un faux témoignage lors d’un procès au criminel », mentionne l’étude.
Les participants se disant très fidèles à leur propre idéologie politique étaient aussi plus portés à voter pour des candidats transgressifs. En moyenne, les individus avaient plus de 50 % de chances de voter pour les candidats qui commettent des crimes, comme le fait d’importer illégalement des drogues aux États-Unis, pour ensuite en faire le trafic.
Pour Mme Howard, ces tendances affectent fort probablement le genre de candidats qui se présentent aux élections.
« Certains résultats électoraux pourraient découler du fait que les conservateurs et les plus libéraux votent de façon différente lorsqu’ils apprennent que leurs candidats respectifs ont commis des transgressions », dit-elle.