Un Australien sur deux sera victime d’un cas d’abus facilité par un moyen technologique durant leur vie, mais le quart des habitants de ce pays sera aussi responsable d’un tel geste, selon une nouvelle étude de l’Université Monash.
Dans le cadre de la première enquête nationale portant sur les victimes adultes et les agresseurs, des chercheurs des universités Monash et RMIT ont également constaté que l’abus facilité par la technologie était subi à plus grande échelle par des membres de la communauté LGBTQ+, les peuples autochtones et les personnes handicapées.
Les cas les plus répandus d’abus ont lieu dans le contexte d’une relation de couple, ou d’une ancienne relation, et sont généralement subis par les femmes et perpétrés par les hommes.
À partir de deux études, soit un sondage national regroupant 4562 répondants, et 30 entrevues avec des victimes et des survivants, mais aussi avec des auteurs des abus, les chercheurs ont tenté de mieux comprendre les expériences vécues par les victimes, ainsi que les caractéristiques des gestes posés à l’aide de moyens technologiques.
Toujours selon les chercheurs, les cas d’abus facilités par la technologie sont plus largement de la surveillance et des comportements contrôlants, de l’abus émotionnel et des menaces, des comportements harcelants, ainsi que des abus sexuels et s’appuyant sur des images.
Pour le criminologue de l’Université Monash et responsable du projet, Asher Flynn, obtenir ou conserver un contrôle exercé sur une victime était le principal objectif, selon ce qui est ressorti de l’étude.
« Les participants ont mentionné avoir subi des contacts abusifs, menaçants ou répétitifs, avoir vu leurs communications et même leurs mouvements être surveillés, et avoir subi le piratage de leurs comptes sur les médias sociaux », a-t-il indiqué.
« Il y avait aussi le thème commun de la surveillance – un sentiment d’être toujours observé, et de ne jamais pouvoir échapper au regard et au contrôle de l’abuseur. »
Le tiers des victimes n’a pas parlé de ses expériences à qui que ce soit, et une forte majorité n’a jamais contacté la police, cherché à obtenir des conseils juridiques ou encore contacté un organisme de protection lié au domaine du numérique, un type d’agence qui existe en Australie.
Toujours au dire des chercheurs, les victimes d’abus facilité par la technologie vivent de la détresse psychologique qui correspond à des problèmes graves de santé mentale.
« Les victimes et les survivants ont rapporté une série de blessures, notamment physiques, émotionnelles et mentales, en plus d’indiquer ressentir de la peur, de la paranoïa et de l’hypervigilance », a encore mentionné M. Flynn.
Les abuseurs, eux-mêmes abusés
Quant aux participants qui ont reconnu s’être adonnés à des abus, il existait une possibilité, près de deux fois plus souvent qu’à l’ordinaire, pour qu’ils aient eux-mêmes été victimes d’abus, à un moment ou un autre de leur vie.
Le tiers d’entre eux ont mentionné que leur motivation justifiant leurs actes abusifs découlait de leur envie d’exprimer de la colère envers la victime, et une personne sur cinq a reconnu vouloir heurter les sentiments de sa victime.
Selon les chercheurs, il est nécessaire de mettre en place de nouvelles mesures pour lutter contre ce phénomène, notamment en formant davantage les premiers répondants, mais aussi en demandant aux entreprises à saveur technologique de pouvoir déconnecter les comptes de clients reliés entre eux.