Difficile de trouver une franchise autre que Starship Troopers qui, d’un côté, dispose des caractéristiques qui permettraient d’offrir un titre enlevant et, de l’autre, n’a pas encore été surexploitée, voire carrément exploitée, tout simplement. Starship Troopers – Terran Command plaira aux amateurs de stratégie en temps réel, tout en venant titiller la fibre nostalgique des passionnés du classique de science-fiction de Paul Verhoeven.
Sur une planète ressemblant fortement à celles que l’on nous présente dans le film – des planètes largement désertiques, mais qui, de façon surprenante, sont essentielles à l’effort de guerre contre les Arachnides –, le joueur devra diriger une série d’escouades de l’infanterie mobile pour accomplir des tâches de plus en plus complexes, et qui nécessiteront une gestion toujours plus poussée des différentes caractéristiques des unités dont l’on dispose.
Car les développeurs du studio The Aristocrats, sous la gouverne de l’éditeur Slitherine, on décidé de se tourner davantage vers la microgestion et la stratégie tactique, plutôt que d’y aller avec une structure plus classique, avec des ressources à récolter, des bâtiments à construire, des unités à produire par dizaines, etc.
Ici, les escouades de soldats ne sont disponibles qu’au compte-goutte, à l’aide de ressources que l’on capturera à certains endroits du niveau. Et s’il est possible de récupérer les précieuses ressources allouées à une équipe d’ingénieurs de combat, par exemple, pour les utiliser ailleurs, le joueur aura toujours l’impression d’être à court d’options pour véritablement développer son armée.
Tous les réseaux, toutes les chaînes
À l’instar des forces humaines, dans le film, l’organisation militaire de Terran Command est en effet un peu idiote. Oui, il y aura toujours des hommes et des femmes en réserve pour remplacer vos tués, soit en renforçant des unités ayant perdu des membres, soit en « livrant » carrément des unités « neuves », mais autrement, on fait bien peu de cas de savoir si vous terminez la mission avec 100 % de vos forces, ou avec 10 %… sauf lors de certaines missions, où il est parfois presque impossible de refaire le plein de soldats. Mais autrement, même le niveau de tutoriel, sur la terrible Klendathu, siège de l’invasion tournant à la boucherie, au début du film, se termine avec les navettes de débarquement qui repartent sans vous, vous abandonnant à une mort certaine.
Devant vous, les gigantesques monstres, qui en viendront à se décliner sous toutes les formes aperçues dans le long-métrage, en plus de quelques surprises, se compteront par centaines, voire par milliers. Il faudra généralement en tuer le plus possible, puis envoyer vos forces nettoyer les nids souterrains de ces bêtes de cauchemar. Le tout en y envoyant assez de soldats pour assurer votre victoire, et dans un laps de temps précis, pour éviter que les Arachnides ne reviennent à la charge.
Et cela, ce n’est qu’un seul aspect des missions? Habituellement, lorsque vous envoyez ces précieuses escouades faire du « ménage », d’autres hordes d’insectes géants sont en route pour attaquer votre base, de l’autre côté de la carte, et il vous faudra jongler entre ces deux groupes de soldats, en activant les habiletés spéciales et en commandant des renforts, au besoin.
Sentez-vous cette claustrophobie, cet énervement, cette angoisse qui s’installe? Les missions prennent rapidement des allures d’expédition de lutte contre toutes sortes d’incendies qui risquent de se rallumer à tout moment. Forcément, le progrès s’effectuera mètre par mètre. D’autant plus – innovation stratégique intéressante – que les développeurs empêchent très largement vos soldats de passer outre le fait qu’ils se trouvent derrière une unité amie, par exemple, pour faire à leur tour feux sur les ennemis qui se trouvent devant.
Il faut alors passer son temps à positionner ses troupes pour s’assurer que vos balles, grenades et autres munitions puissent être expédiées le plus largement et le plus rapidement possible dans ce qui tient de visage à vos ennemis.
Tout cela est bien beau, et les plus perspicaces auront peut-être reconnu certaines caractéristiques de quelques grands jeux, comme Company of Heroes, ou encore Dawn of War II. Malheureusement, Starship Troopers – Terran Command n’atteint jamais ce même niveau de qualité. D’abord, certains aspects visuels laissent encore à désirer, notamment la gestion du champ de vision de ses unités. Si l’on comprend l’importance d’occuper les hauteurs pour disposer d’un avantage sur ses ennemis, il est absurde que ceux-ci, s’il se trouvent sur un promontoire plus élevé que le niveau du sol, par exemple, demeurent invisibles jusqu’à ce qu’ils en descendent.
Ce qui déçoit, aussi, c’est que si les développeurs ont pris le soin d’intégrer un système de gestion des points d’expérience, celui-ci ne permet, une fois le niveau maximal atteint, que de développer une seule habileté spéciale. On ne gagne pas de points de vie, on ne fait pas plus de dégâts, on ne bouge pas plus vite… Pire encore, ces soldats ne sont pas réutilisés lors d’une mission subséquente, ce qui signifie qu’un troufion muni d’une mitraillette demeurera un troufion muni d’une mitraillette, rien de plus. L’utilité d’un système tactique plus développé est alors remise en question, puisque l’on peut pratiquement se contenter d’envoyer ses hommes au casse-pipe.
Ultimement, Starship Troopers – Terran Command est un bon jeu, mais un jeu qui ne semble pas avoir atteint son plein potentiel. On souhaiterait avoir plus d’options tactiques. Et pouvoir s’attacher un peu à ses soldats… pourquoi pas? Mais le titre réussit très bien à combler ce manque de divertissement vidéoludique dans l’univers de Johnny Rico et sa bande de Maraudeurs.
Starship Troopers – Terran Command
Développeur : The Aristocrats
Éditeur : Slitherine
Plateforme : Windows (testé sur Steam)
Jeu disponible en français (interface et sous-titres)