Des accidents, tornades, incendies, tremblements de terre et autres catastrophes qui ont coûté moins cher que l’an passé, pour l’instant, mais qui ont fait plus de morts : l’assureur Munich Ré a récemment tracé un portrait peu rassurant de l’état de notre monde, avec des cataclysmes qui ont entraîné des dégâts évalués à 65 milliards de dollars US.
Dans une note d’information publiée la semaine dernière, l’entreprise précise que si l’ampleur des pertes est moindre qu’en 2021, les 4300 morts imputables à ces mêmes catastrophes, elles, sont plus importantes qu’à pareille date, l’an dernier.
« Les épisodes de chaleur extrême, de sécheresse et de feux de forêt sont plus nombreux dans plusieurs régions du monde, et la communauté scientifique estime que les changements climatiques ont un impact marqué sur la fréquence de tels événements », mentionne-t-on dans cette même note d’information.
De son côté, Torsten Jeworrek, membre du conseil d’administration de l’assureur, « le portrait des catastrophes naturelles pour la première moitié de 2022 est dominé par les événements climatiques. Aux États-Unis, des tornades extrêmes ont provoqué pour des milliards de dollars de dégâts, certaines parties de la côte est de l’Australie ont été inondées, et le sud de l’Europe a dû faire face à des vagues de chaleur ».
M. Jeworrek déplore d’ailleurs que dans les pays en développement et émergents, la proportion des biens et immeubles assurés, notamment contre les catastrophes climatiques, se situe « bien en-deçà » de 10 %, ce qui, indique-t-il, « nuit à la prévention des pertes », une partie intégrante de la mitigation des impacts économiques des changements climatiques.
Ainsi, depuis le début de l’année, à peine la moitié des 65 milliards de dollars en dégâts recensés sont liés à des contrats d’assurance existants. Le reste a dû être, dans bien des cas, absorbé par les populations et les gouvernements locaux, ce qui nuit au développement économique et sociale des régions touchées.
Les États-Unis, les plus touchés
C’est du côté du pays de l’Oncle Sam que l’on a recensé le plus de dégâts provoqués par des catastrophes, dans la première moitié de l’année : selon Munich Ré, cette somme s’établie à 28 milliards, soit près de la moitié des dégâts recensés. Les dégâts assurés aux États-Unis, se sont montés à 19 milliards, soit environ les deux tiers de l’ensemble.
Orages plus que violents, tornades meurtrières… Les États-Unis ont été tout sauf épargnés par la fureur des éléments.
Et de l’autre côté de l’Atlantique, il faudra encore du temps avant de calculer l’impact des vagues de chaleur et des incendies qu’elles provoquent sur les récoltes et l’agriculture, indique Munich Ré.
« Dans plusieurs parties de l’Europe, l’activité humaine a déjà fait grimper la température moyenne de plus de 1,5 degré Celsius depuis la révolution industrielle », écrit l’assureur, soit au-delà de la cible de l’Accord de Paris pour tenter de juguler les effets cataclysmiques de la crise climatique.
Ainsi, selon Ernst Rauch, climatologue en chef de Munich Ré, les catastrophes naturelles de cette année « sont peut-être des événements individuels avec différentes causes, mais mises ensemble, une chose devient extrêmement clair : la puissante influence des changements climatiques est de plus en plus évidente! Et les conséquences pour les gens de partout sur la planète deviennent encore plus perceptibles ».