Une nouvelle analyse vient contredire la pensée populaire à propos des croyances envers les théories de la conspiration. De ait, ces croyances pourraient ne pas avoir gagné d’adeptes avec les années.
Comme l’écrit l’un des auteurs de l’étude, Joseph Uscinski, de l’Université de Miami, en Floride, dans des travaux publiés dans PLoS ONE, la croyance envers des théories de la conspiration implique d’avoir comme opinion le fait qu’un petit groupe de personnes se sont secrètement coordonnées pour provoquer un certain événement ou une série de circonstances, malgré une absence de preuves.
Au cours des dernières années, la perception voulant que ces théories aient gagné des partisans s’est répandue au sein du public, ainsi que chez les chercheurs, journalistes et décideurs politiques, alors que bien des gens blâment les médias sociaux pour ce phénomène. Cependant, peu d’études ont tenté de savoir si de telles perceptions étaient avérées.
Pour aider à déterminer si les théories de la conspiration gagnaient des adeptes, M. Uscinski et ses collègues ont mené quatre analyses de sondages. Pour la première, les chercheurs ont cherché à vérifier si les croyances envers certaines théories, y compris celles liées à la COVID-19 et à l’assassinat de J.F. Kennedy, sont plus populaires chez les Américains.
La deuxième analyse a porté sur les idées voulant notamment que la crise climatique soit une arnaque, le tout dans six pays européens.
La troisième analyse s’est articulée autour des croyances des Américains liées au conspirationnisme de certains groupes, alors que la quatrième et dernière analyse a mesuré des courants de pensée, aux États-Unis, à propos des croyances portant sur les théories de la conspiration.
Pas d’augmentation notable
Dans le cadre des quatre analyses, les chercheurs n’ont pas trouvé de preuves statistiques importantes indiquant que les adhérents aux théories de la conspiration étaient plus nombreux. De fait, le nombre de conspirationnistes a diminué avec le temps, et du côté des théories qui ont gagné des adeptes, aucune n’était liée à la COVID-19 ou à la mouvance QAnon.
Les chercheurs mettent l’accent sur l’importance de la prudence, lorsque vient le temps d’extrapoler des tendances à partir de leurs résultats, et notent que des travaux supplémentaires seront nécessaires pour confirmer leurs conclusions, et mieux comprendre les croyances en matière de théories de la conspiration, comme leurs fondations psychologiques et la façon dont elles sont disséminées.
Cependant, les spécialistes estiment malgré tout que l’adhésion aux théories de la conspiration atteint un certain niveau qui pourrait être inquiétant, et que ce niveau ne commence peut-être qu’à être plus apparent pour le public.
Pour le Dr Adam Enders, « malgré les affirmations voulant que les États-Unis plongent dans un puits sans fond de théories de la conspiration, vers un état de post-vérité, nous n’avons pas constaté que les croyances envers ces théories ont augmenté avec le temps ».
De son côté, le Dr Joseph Uscinski soutient que « certaines théories de la conspiration gagnent en popularité, mais ce n’est pas le cas pour plusieurs d’entre elles. À tout moment, peut-être en raison des circonstances politiques, certaines théories de la conspiration seront plus attrayantes, mais au même moment, plusieurs autres vont disparaître dans l’obscurité ».