Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Californie à Davis révèle des tendances alarmantes en matière des attitudes envers la violence, y compris la violence politique, aux États-Unis. Cette enquête est la première du genre à explorer la volonté personnelle des participants à participer à des scénarios spécifiques comprenant des violences politiques.
« Nous nous attendions à ce que les conclusions soient inquiétantes, mais elles ont dépassé nos pires craintes », mentionne Garen Wintemute, principal auteur de l’étude.
Les questions du coup de sonde s’articulaient autour de trois domaines : les croyances concernant la démocratie et le potentiel de violence aux États-Unis, les croyances à propos de la société et des institutions américaines, et l’appui envers et la volonté de participer à des actes de violence, y compris la violence politique.
Parmi les conclusions, on découvre que 67,2 % des personnes interrogées disaient percevoir « une menace importante envers la démocratie », 50,1 % jugent « qu’au cours des prochaines années, il y aura une guerre civile aux États-Unis », 42,4 % pensent que « le fait d’avoir un leader fort, aux États-Unis, est plus important que d’avoir la démocratie », 41,2 % estiment « qu’aux États-Unis, les Blancs nés au pays sont remplacés par des immigrants », 18,7 % sont en accord ou fortement en accord avec l’idée que la violence ou la force sont nécessaires « pour protéger la démocratie américaine » lorsque « les leaders élus ne le font pas », et 20,5 % des répondants croient que la violence politique est au moins parfois justifiable « en général ».
Chez les participants qui considéraient la violence politique comme étant au moins parfois justifiée pour parvenir à un objectif spécifique, 12,2 % étaient en faveur de commettre des actes de violence politique « pour menacer ou intimider une personne », 10,4 % parlaient plutôt « de blesser une personne », et 7,1 % allaient jusqu’à envisager « de tuer une personne ».
Parmi l’ensemble des répondants, près d’un sur cinq pense qu’il est au moins possiblement probable qu’au cours des prochaines années, dans une situation où la violence politique serait justifiée, « je porterai une arme ». Quelque 4 % jugent qu’il est au moins possiblement probable qu’ils « tirent sur quelqu’un avec une arme à feu ».
Méfiance envers la démocratie américaine
Les chercheurs ont mené leur coup de sonde à l’échelle des États-Unis, entre le 13 mai et le 22 juin, auprès de 8620 adultes.
Aux yeux des spécialistes, les conclusions des travaux, en s’ajoutant à de précédentes études, suggèrent qu’il existe un fort courant d’aliénation et de méfiance envers la société démocratique américaine et ses institutions. D’importantes minorités de la population du pays appuient la violence, y compris la violence mortelle, pour atteindre des objectifs politiques.
Toujours selon les chercheurs, il est urgent de mettre en place des mesures de prévention de la violence, mais il est nécessaire d’effectuer davantage de recherche sur ces méthodes.
« Il est important de souligner que ces conclusions fournissent aussi des pistes de solution. Une grande majorité des répondants rejette complètement la violence politique, que ce soit en général ou pour atteindre un objectif en particulier », mentionne M. Wintemute.
Celui-ci évoque aussi le fait qu’une vaste majorité de ceux qui appuient la violence politique ne sont pas prêts à en commettre eux-mêmes. « Le défi, maintenant, pour ces grandes majorités, est de reconnaître la menace représentée par ceux qui sont prêts à agir pour commettre des violences politiques, et d’y répondre de façon adéquate. »