Ah, le plaisir de revivre cette renaissance, en quelque sorte, de la franchise Wolfenstein, ce « père » des jeux de tir à la première personne. Relancée en 2014, après qu’iD Software, l’entreprise originelle, eut vendu les droits au studio MachineGames, la saga nous transporte ici en 1960, dans The New Order, après la victoire des nazis durant la guerre. Huit ans plus tard, le jeu tient-il toujours la route?
Quatorze ans : il s’est écoulé 14 ans, entre le début du jeu, qui se déroule en 1946, et la période historique où aura lieu la majorité des aventures du célèbre héros William « B. J. » Blazkowicz, celui-là même que l’on avait connu en 1994, puis au début des années 2000, avec Return to Castle Wolfenstein, et enfin simplement Wolfenstein, en 2009.
Cette fois, le Troisième Reich règne en maître sur la planète, avec, dès 1960, des ordinateurs, des robots, voire même des vaisseaux spatiaux et une base lunaire. Rien de moins! Coincé dans un hôpital psychiatrique pendant de très nombreuses années, notre héros se retrouve dans un monde dont tous les repères ont disparu, ou presque.
Cela donne aussi aux développeurs l’occasion d’imaginer un futur dystopique où les ambitions architecturales d’Hitler ont été largement réalisées, et même plus. Tout est fait de béton, de métal… Tout est gris, cruel, violent. Reste-t-il encore du bon, dans ce monde? Reste-t-il des arbres? Des animaux?
Pour notre héros, l’objectif demeure le même : tuer Deathshead, le vicieux et terrifiant général nazi qui, en 1946, a torturé à mort l’un de ses camarades, pour finir par non seulement lui couper les yeux, mais aussi lui arracher le cerveau.
Et afin d’atteindre ce but, ce sont des centaines d’ennemis que nous devrons éliminer, qu’il s’agisse de simples fantassins, de chiens d’attaque, voire de robots sanguinaires de toutes les tailles. Couteau, pistolet, mitraillette, mitrailleuse, fusil laser, fusil à pompe, lance-roquette… Tout est bon pour poignarder, éventrer, décapiter ou faire exploser ses opposants. D’ailleurs, il faut le reconnaître : les combats sont glorieux, dans Wolfenstein : The New Order. Non seulement parce qu’ils peuvent s’avérer parfois assez difficiles – ce qui est ici autant un avantage qu’un inconvénient –, mais aussi parce que l’engin graphique, id Tech5, permet d’afficher une grande quantité d’effets visuels, qu’il s’agisse de débris, ou encore d’effets de particules, notamment.
On peut ainsi se retrouver, dans certains cas, avec des traînées de missiles qui strient l’écran, avec des ricochets de balles et de shrapnels, et avec des incendies allumés par des explosions. Le tout alors que notre arme laser fait exploser des ennemis les uns après les autres. Mettre la main sur l’amélioration permettant d’en recharger automatiquement le réservoir d’énergie sera d’ailleurs fort utile pour éviter de devoir trouver l’équivalent d’une prise électrique, même si celles-ci sont généralement assez nombreuses.
Parlant d’améliorations, d’ailleurs, le jeu s’articule en phases de combat, mais aussi en phases d’exploration, où l’on peut trouver des ajouts pour ses armes, des munitions, des points d’armures, ou encore des objets à collectionner, comme des versions alternatives des succès de la musique pop des années 1960, ou encore des sections de code qui, mises ensemble, permettent de débloquer de nouveaux modes de jeu.
Tout cela est bien beau, mais ces chasses à l’objet et ces séances d’exploration viennent casser le rythme du jeu. D’un côté, on monte à l’assaut d’une place fortifiée, un fusil à pompe dans chaque main, et de l’autre, on nous demande de trouver des passages secrets pour trouver l’une des douze sections d’un morceau de code, ou un objet précieux, ou encore une lettre écrite par un personnage inconnu à sa femme.
On jurerait, en fait, que les développeurs de l’époque voulaient à la fois combiner l’action des premiers titres de la série à l’aspect aventure et découverte des titres qui cartonnaient, en 2014, soit, sans doute, les jeux d’Ubisoft où l’on doit trouver des dizaines, voire des centaines d’items, ou encore les jeux de Batman, où les quêtes secondaires étaient elles aussi légion.
Peut-être, par ailleurs, que donner une voix à Blazkowicz était une mauvaise idée. On se serait passé de ses longs monologues déprimants. Nous savons déjà, après tout, que le monde dans lequel nous nous trouvons, dans le jeu, est violent et possiblement sans espoir. Est-ce nécessaire de le rappeler régulièrement?
Ultimement, Wolfenstein : The New Order est un bon jeu, ne serait-ce que pour ses visuels et son action. Mais ceux qui souhaitent davantage de gameplay, justement, et moins de séquences narratives larmoyantes, auront avantage à se tourner vers The Old Blood, un antépisode sorti en 2015. Pour les autres, eh bien, il y a aussi The New Colossus, sorti en 2017, avec encore plus de cinématiques. À croire, décidément, que les développeurs ne savaient pas trop dans quelle direction aller…
Wolfenstein : The New Order
Développeur : MachineGames
Éditeur : Bethesda Softworks
Plateformes : Xbox 360 et One, PlayStation 3 et 4, Windows (testé sur Windows / Epic Games)
Jeu disponible en français (interface et audio)