Dans le quartier de Shinjuku, zone « chaude » de Tokyo, le capitaine Samejima ne fait certainement pas dans la dentelle. Habitué des manières fortes, le voilà confronté à quelque chose de terrible : est-ce le début d’une guerre des gangs? Ou, plutôt, la vengeance d’un tueur à gages trahi par son ancien employeur? Voici Le Singe venimeux.
Écrit par Arimasa Osawa, et publié par les éditions de l’Atelier akatombo, ce roman est un récit policier, certes, mais un style de roman policier que l’on voit moins souvent, soit le hard boiled. Adieu les courses contre la montre pour attraper un tueur en série, par exemple, ou les considérations personnelles, du côté du membre des forces de l’ordre… L’objectif, ici, est de stopper le méchant, coûte que coûte. D’ailleurs, à l’instar du film du même nom, le style hard boiled multiplie les scènes de violence pour témoigner de la dure réalité dans certaines circonstances.
Dans le quartier de Shinjuku, donc, les proxénètes, les membres de gangs et autres criminels se disputent la rue. Ils se battent aussi pour le contrôle des bars et restaurants à hôtes et hôtesses, des endroits où l’on est incité à consommer, en compagnie de jolies jeunes femmes ou de jolis hommes, dans une logique menant à la multiplication des visites. Avec à la clé, bien entendu, cette facture gonflée remise au moment du départ.
C’est d’ailleurs dans l’un de ces bars que se cache notre tueur à gages, embarqué dans une croisade pour se venger de son ancien employeur qui l’a trahi. Peu à peu, il remontera la liste des collaborateurs et hommes de main de ce caïd ayant fui Taïwan, en pensant échapper à celui qui est donc surnommé le « singe venimeux ».
Il faut se le dire, autant Osawa est en mesure de livrer, dans la deuxième partie de son roman, un récit enlevant où la violence devient quasiment omniprésente, voire presque insupportable, autant l’histoire démarre très, très lentement, avec de longues pages consacrées au fonctionnement de ces bars et restaurants à hôtes et hôtesses, justement. D’ailleurs, le lecteur passe quelques fois sur le point d’abandonner la partie. Cela serait ultimement une erreur, tant le dénouement de cette course-poursuite meurtrière à travers le milieu interlope japonais est fascinant, mais on peut comprendre cet ennui qui s’installe temporairement, en attendant que l’action trouve son rythme.
Aperçu du caractère parfois viscéralement violent de la vie criminelle de l’Asie du Sud-Est, Le Singe venimeux aurait gagné à entrer plus rapidement dans le vif de son sujet. On y restera cependant accroché jusqu’au bout.