L’accès à des logements abordables s’est quelque peu amélioré au Canada, l’an dernier, malgré les effets de la pandémie de COVID-19. Cependant, note Statistique Canada dans une récente note d’information, plusieurs groupes vulnérables font toujours face à des difficultés pour accéder à des endroits où ils peuvent vivre sans se ruiner.
De fait, entre 2018 et 2021, les prix des habitations ont bondi de 20,6 %, notamment lors de la ruée vers les maisons dans la foulée de la pandémie, alors que bon nombre de résidents des villes, souvent installés dans de petits logements, ont cherché à acquérir des propriétés plus grandes, histoire d’y passer des confinements plus agréables.
Et si un peu plus des deux tiers des Canadiens (68 %) étaient propriétaires de leur logement en 2021 (maison et condos combinés), soit 14,6 millions de personnes, cette proportion est demeurée stable, entre 2018 et 2021, pour les membres d’un groupe racisé, soit 62 %.
Chez les personnes noires, cette proportion est encore plus faible, avec un taux de 37 % de propriétaires l’an dernier, soit un recul de cinq points de pourcentage comparativement à 2018. À l’autre bout du spectre, les ménages dirigés par une personne appartenant à l’ethnie chinoise étaient propriétaires de leur logement dans 81 % des cas, en légère hausse de 1 point de pourcentage depuis 2018.
Par ailleurs, l’an dernier, « 3,8 % de tous les ménages des provinces vivaient dans des logements sociaux et abordables (LSA), ce qui représente 11,9 % des ménages locataires », précise Statistique Canada. « Environ 227 100 ménages locataires et propriétaires attendaient un LSA, comparativement à 262 000 en 2018. Parmi ceux inscrits sur une liste d’attente, près de deux fois plus de ménages (148 200) ont déclaré attendre depuis deux ans ou plus par rapport à ceux qui attendaient depuis moins de deux ans (76 000) », lit-on encore dans la note d’information.
Forte hausse des frais de logement
Autre aspect important – et potentiellement inquiétant – des données publiées par l’agence fédérale, les frais de logement mensuels moyens, c’est-à-dire le loyer, les frais hypothécaires, les frais de copropriété et autres impôts fonciers, etc., ont gonflé de 7 % à l’échelle du pays entre 2018 et 2021.
Sur une échelle annuelle, cette augmentation a atteint, en moyenne, 8,4 % pendant la même période, soit de trois à quatre fois la cible normale de l’inflation, qui évolue autour des 2 %.
Cependant, tout n’est pas noir dans le portrait fédéral : « la part des ménages qui consacraient 30 % ou plus de leur revenu au logement — une mesure clé de l’abordabilité — a diminué pour passer de 22,0 % en 2018 à 19,5 % en 2021 », indique la note d’information.
Ce répit est entre autres imputable aux aides financières accordées dans le contexte de la pandémie, alors que plusieurs programmes ont permis à des ménages de mieux boucler les fins de mois.
Le retour à la « normale », en 2021, puis 2022, avec l’abandon de ces programmes dans le cadre de la relance des activités quotidiennes et de l’économie, pourrait renverser cette tendance. D’autant plus que les loyers et les prix des maisons, au Québec comme ailleurs au pays, continuent d’augmenter, dans un contexte de rareté de l’offre.
De fait, Statistique Canada rapporte « qu’environ deux fois plus de ménages locataires (13,3 %) que de propriétaires (6,7 %) ont déclaré une diminution de leur satisfaction à l’égard du logement ».