En vacances, sur la plage, vous vous faites piquer par une méduse. Des baigneurs vous suggèrent d’uriner sur la plaie pour éviter les démangeaisons. Où ont-ils pris cela et est-ce bien la chose à faire? Le Détecteur de rumeurs y répond pour vous.
Il faut d’abord se rappeler que la plupart des méduses qu’on rencontre en Amérique du Nord et en Europe sont inoffensives, sauf pour les personnes allergiques. Des espèces vivant en Australie et dans la région Indo-Pacifique peuvent être mortelles.
Les méduses piquent grâce à leurs tentacules qui sont couvertes de capsules urticantes : des nématocystes. Lorsqu’un baigneur frôle un tentacule, ces millions de nématocystes se plantent dans sa peau puis relâchent leur venin. Et ce, que la méduse soit dans l’eau ou échouée sur le sable!
La piqûre est extrêmement rapide et provoque une douleur intense et immédiate, parfois accompagnée de picotements ou d’engourdissement. Aussi, un érythème rouge violacé reproduisant la forme de tentacules apparait dans les heures suivant le contact.
Uriner sur la plaie
Or, les soins à apporter en cas d’une telle piqûre font l’objet de plusieurs rumeurs sur Internet. L’une d’entre elles, popularisée par un épisode de la série télévisée Friends en 1997, consiste à uriner sur la plaie.
L’idée veut que l’urine contienne de l’ammoniaque qui neutralise la douleur. Mais c’est faux: une équipe de l’Institut flamand de la mer, en Belgique, a analysé plus de 80 études sur les traitements à appliquer en cas de piqûres de méduse. Elle conclut que l’urine pourrait faire éclater les cellules urticantes qui n’avaient pas encore relâché leur venin, ce qui risque donc d’augmenter la douleur.
Le vinaigre
Le vinaigre est également suggéré, mais les résultats obtenus sont mitigés. Les mêmes chercheurs belges ont constaté que l’application de vinaigre sur la peau pendant 30 secondes est efficace pour les piqûres de certaines espèces de méduses mais que chez d’autres, il peut aggraver la situation en libérant le venin des nématocystes. Déjà en 2012, une revue des études sur le sujet publiée dans The Annals of Emergency Medicine suggérait que le vinaigre provoquait une exacerbation de la douleur ou une décharge de nématocystes chez la majorité des espèces.
Le traitement est donc à écarter… à moins d’être un spécialiste des méduses capable d’identifier l’espèce qui vient de vous piquer!
Eau de mer, eau chaude et glace
Parmi les autres traitements largement diffusés sur Internet, figurent l’utilisation d’eau douce, d’eau de mer, et de glace. Des chercheurs de l’Université d’Hawaï à Mānoa ont revu 2000 études pour départager entre l’eau chaude et la glace. Selon leurs résultats publiés en 2016 dans la revue Toxins, il faut appliquer sur la plaie une eau chaude, sans être bouillante —entre 45 et 50 °C— pendant 20 minutes pour «désactiver» le venin des méduses.
Ils ont aussi constaté que les analgésiques oraux, l’eau de mer et une bouillie de bicarbonate de soude et d’eau de mer, avaient «plus d’effets positifs que négatifs» contre l’inhibition des nématocystes et soulageaient la douleur.
L’autre revue de littérature, publiée en 2012, concluait pour sa part que l’eau chaude et la lidocaïne apparaissent plus largement bénéfiques pour diminuer la douleur. Ces traitements étant difficilement accessibles sur une plage, les auteurs proposaient d’éliminer les nématocystes (avec une pince à épiler ou, après les avoir recouvert de sable, un bout de carton), puis de laver la plaie avec de l’eau salée.
Verdict
En cas de piqûre de méduse, vous n’avez pas à vous humilier et à demander à un ami d’uriner sur votre plaie. Contentez-vous de retirer d’éventuels filaments irritants avec une pince à épiler puis de rincer la zone irritée avec de l’eau salée. Vous pouvez ensuite immerger la piqûre dans l’eau chaude pendant une vingtaine de minutes.