Un des aspects positifs de la façon dont la science se construit, c’est sa capacité à s’auto-corriger et à rejeter des recherches qui se sont avérées fausses. L’aspect négatif, c’est que parfois, ces recherches rétractées continuent d’être citées.
Le phénomène de « rétractation d’article » est en effet celui par lequel une recherche peut être littéralement « dépubliée », retirée des archives, tantôt à l’initiative de l’éditeur de la revue, tantôt à la demande des auteurs eux-mêmes. Il peut s’agir aussi bien d’erreurs qui ont été détectées après publication, que de cas de fraudes.
L’épidémiologiste australien Gideon Meyerowitz-Katz s’est intéressé aux recherches sur la COVID qui ont été pré-publiées puis rétractées. Le fait que, dans la précipitation entourant la pandémie, plusieurs aient été rétractées n’est pas étonnant. Ce qui a surpris Meyerowitz-Katz, c’est qu’un petit nombre de ces recherches retirées ont été citées plus de 1000 fois dans d’autres recherches.
À la défense de la communauté scientifique, un grand nombre n’ont jamais été citées. Et la médiane se situe entre 4 et 7 citations seulement. Mais le fait qu’il s’en trouve quelques-unes qui aient été extrêmement « populaires » révèle que certains chercheurs ont écrit leurs propres articles avec un peu trop de précipitation.
L’épidémiologiste et ses collègues ajoutaient le 30 juin dans leur article, lui-même pré-publié, que plusieurs de ces nouvelles recherches sur la COVID ont été soumises à un éditeur après la date de rétractation de l’autre recherche.
En entrevue au magazine The Scientist, il va plus loin : « pour moi, le plus gros problème n’est pas que des gens citent des recherches rétractées », parce qu’il est inévitable que lorsque vous lisez une recherche et que vous l’ajoutez à votre banque de citations, vous ne retourniez pas continuellement vérifier si elle est toujours là. « Toutefois, le fait que des gens citent des recherches qui sont tellement mauvaises qu’elles vont à l’évidence être rétractées, c’est inquiétant. »
En théorie, il serait possible d’avoir une technologie qui enverrait un avertissement automatique chaque fois qu’une recherche rétractée est citée, mais dans les faits, il faudrait voir plus loin et viser une prise de conscience dans la communauté scientifique du risque d’avoir autant de recherches pré-publiées de faible qualité qui pourraient continuer indéfiniment d’être citées.