Oui, il peut paraître étrange, après avoir examiné l’offre en accès anticipé de Project Warlock II, qui s’annonce franchement excellent, de se tourner vers son prédécesseur, sorti en 2018. Mais à voir la qualité de ce produit – et les heures que l’on y a consacré depuis une semaine –, on serait fou de se priver d’un titre si solide… Et un peu frustrant, il faut l’avouer.
Développé par Buckshot Software, qui ne comptait alors qu’une seule personne, âgée de 18 ans, de surcroît, Project Warlock est un jeu de tir à la première personne dans la droite ligne des retro shooters, Ou boomer shooters, comme on aime à les qualifier. À travers une série d’épisodes, il faudra guider notre héros, le bien nommé warlock – un sorcier, dans la langue de Molière –, pour combattre toujours plus d’ennemis, et venir éventuellement à bout du méchant suprême, le diable en personne.
Mais avant d’en arriver là, le joueur se promènera entre des mondes qui semblent parfois n’être liés que par les références que souhaitait réaliser le développeur. Non pas que cela soit nécessairement une mauvaise chose – après tout, Doom commence bien dans une base spatiale pour terminer sa course, éventuellement, dans les enfers.
Et qui n’a pas envie de voguer entre le château médiéval, l’Égypte antique, une ville industrielle et l’Arctique, pour ne nommer que ces endroits?
Project Warlock se présente d’ailleurs de façon un peu trompeuse : on pourrait penser, avec la vitesse de déplacement de son personnage principal, et avec les images, dans le menu principal, montrant notre protagoniste, mitraillette au poing, qu’il est possible de foncer dans le tas en vidant son chargeur, et ainsi espérer survivre, mais il n’en est rien. Du moins, pas au début. Non, il faudra plutôt s’armer de patience et d’une bonne arme tranchante, pour abattre les ennemis au corps à corps. Avec une conception de niveaux quasiment claustrophobique, le jeu est conçu pour massacrer quantité d’ennemis, certes, mais aussi s’esquiver en une fraction de seconde pour que le projectile lancé par un adversaire s’écrase sur la paroi à côté de soi.
D’ailleurs, cette idée de faire feu (ou de donner un coup de hache bien senti), puis de se tasser en vitesse, sera partie intégrante de l’ensemble de l’expérience de Project Warlock. Les corridors sont souvent étroits, quasiment oppressants. Et s’il arrive de devoir se battre dans de grandes étendues, il est presque toujours conseillé d’aller se cacher dans le premier coin venu. Car qui dit grands espaces, ou pire encore, salles qui s’agrandissent soudainement, veut souvent dire nouveaux ennemis dont il faudra éviter les charges sanguinaires ou les hordes d’éclairs ou de roquettes.
Parlant de roquettes, Project Warlock frappe là l’un des quelques écueils qui empêchent d’accorder au titre une note parfaite : si l’on nous propose un système d’augmentations, avec des sorts et des améliorations à débloquer, notamment en matière de combats au corps à corps, les ennemis en viendront rapidement à disposer d’un arsenal digne d’une véritable armée. À quoi bon disposer d’un solide +5 à vos attaques à la hache si un mur s’abaisse pour révéler une horde de harpies lanceuses de roquettes?
On va ainsi consacrer de précieux points à augmenter ces capacités qui serviront en début de partie, pour se rendre ensuite compte que si l’on veut transformer notre fusil laser en canon électromagnétique et ainsi avoir de meilleures chances contre le fameux méchant de la fin, eh bien, il faudra s’en mordre les doigts. Et non, le méchant de la fin n’en aura que faire de votre hache à la lame plus affûtée.
Cette notion d’amélioration est directement liée au niveau de difficulté. Quelle ne fut pas notre surprise de comprendre qu’il fallait passer à la vitesse supérieure en déboulant dans l’épisode à saveur industrielle, avec ces robots sortis de Robocop, Terminator et Evangelion, tous avec des lasers tueurs ou des missiles à profusion. Fini de rire! On finira par s’en tirer, non sans perdre une vie ou deux, mais cette progression soudainement plus corsée laisse présager d’un dernier épisode parfois ridiculement difficile, avec des pièges un peu ridicules expressément conçus pour nous faire rager.
Quant au monstre final, n’en parlons même pas… Cinq phases, toutes plus meurtrières les unes que les autres, sans possibilité de sauvegarder entre chacune d’entre elles. Ce journaliste a fini par abandonner la partie en ayant réussi, de peine et de misère, à se rendre à la troisième phase, face au bien nommé Turbosatan (si, si!). Et en perdant toutes ses vies dans le processus. Car oui, dans un drôle de choix, Project Warlock fonctionne avec un nombre limité de vies. Vous les épuisez? Hop, la partie est finie! Peu importe si vous vous étiez rendu à la fin, après des heures de combats stressants.
Jeu parfois fantastique, et parfois bien frustrant, Project Warlock demeure un grand succès, notamment en raison de ses références… Et du fait qu’il a été développé par une seule personne. On attend, encore une fois, bien des choses de la suite!
Project Warlock
Développeur : Buckshot Software
Éditeur : Retrovibe
Plateformes : Windows, PlayStation 4, Nintendo Switch, Xbox One (testé sur Windows / Steam)