Une importante étude à propos des changements d’environnement dans la région brésilienne de l’Amazonie jette un nouvel éclairage sur les nombreuses menaces environnementales envers cette partie essentielle de la planète, mais offre aussi des opportunités encourageantes pour atteindre une durabilité écologique au sein de la forêt tropicale possédant la plus importante biodiversité du monde.
Les conclusions des travaux sont importantes puisqu’à mesure que l’Amazonie s’approche du « point de bascule », elles fournissent une base solide visant à informer à propos des efforts de conservation qui sont urgemment nécessaires, en plus d’établir des priorités en matière de régénération de la forêt.
Ces mêmes travaux indiquent également que des gains peuvent être obtenus en posant divers gestes – y compris en stoppant la déforestation, mais pas uniquement.
L’étude, publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, a été effectuée par une équipe internationale de chercheurs provenant du Brésil et du Royaume-Uni. Ces spécialistes ont examiné les impacts écologiques provoqués par les changements apportés par les humains aux environnements forestiers dans deux régions de l’État brésilien de Para.
« Si l’attention s’est concentrée sur la déforestation, jusqu’à maintenant, nous savons que les environnements des forêts tropicales sont modifiés par bien d’autres activités humaines », mentionne le principal chercheur du groupe, le Dr Cassio Alencar Nunes. « Parmi ces modifications, on compte la déforestation et la dégradation de la forêt primaire, par exemple lors de coupes sélectives et à l’aide d’incendies, mais même les paysages ayant subi de la déforestation sont transformés, alors que l’abandon des terres agricoles mène à une repousse de la forêt. Il en résulte que plusieurs paysages tropicaux forment maintenant une mosaïque de terres non forestières, de forêts secondaires qui se régénèrent, et de forêts primaires dégradées. »
En s’intéressant à la vitesse de transformation entre diverses utilisations des terres et leur impact sur les conditions environnementales, les chercheurs ont identifié les transitions les plus répandues et dont l’impact environnemental est important, ainsi que les transitions qui ont de vastes impacts, mais qui se produisent moins fréquemment.
« Nos résultats offrent une compréhension plus complète de la façon dont les gens affectent l’Amazonie et son écosystème », mentionne le Dr Alencar Nunes.
En recueillant des données à 310 endroits différents, les scientifiques ont observé comment les changements affectent la biodiversité, notamment en s’intéressant à plus de 2000 espèces d’arbres, de lianes, d’oiseaux et d’insectes. Ils ont également examiné les propriétés du carbone et des sols.
Enfin, ils se sont aussi appuyés sur des données déjà disponibles, couvrant la période de 2006 à 2019, pour évaluer à quelle vitesse le paysage s’est transformé depuis une décennie.
Selon leurs résultats, la transition des forêts primaires et secondaires vers des terres de pâturage, via la déforestation, représente des pertes de 24 000 kilomètres carrés par année. Les scientifiques ont aussi constaté que la richesse de tous les groupes de biodiversité a chuté de 18 à 100 % aux endroits où ces types de forêts avaient été convertis à des fins d’élevage ou d’agriculture mécanisée. C’est d’ailleurs le passage de la forêt à l’agriculture mécanisée qui avait l’impact environnemental le plus marqué, mais qui se produisait moins souvent que la conversion de la forêt vers les pâturages.
Encore un espoir
« La déforestation des forêts primaires pour créer des pâturages est le changement le plus délétère dans l’utilisation des terres en Amazonie brésilienne », a poursuivi le Dr Alencar Nunes. « Cela démontre l’aspect critique et l’urgence de combattre la déforestation, qui s’est accélérée au cours des dernières années. »
L’étude révèle également qu’il existe encore des opportunités pour poser des gestes positifs, notamment en soulignant l’importance de la protection des forêts secondaires, entre autres en leur donnant le temps de parvenir à maturité. Les chercheurs ont ainsi découvert que la diversité des grands arbres doublaient et que celle des petits arbres augmentait de 55 % lorsque les jeunes forêts secondaires passaient la barre des 20 ans, ce qui entraînait des gains en matière de biodiversité et de stockage du carbone.
Au dire du Dr Alencar Nunes, « il y a une multitude d’options pour protéger et améliorer l’écologie de l’Amazonie. Lorsque les agriculteurs passent d’un pâturage à l’agriculture mécanisée, cela a également un impact sur la biodiversité, mais c’est un processus qui est largement caché, comparativement à la déforestation ».
« En réduisant la surface de terres converties à l’agriculture industrielle, et en permettant aux forêts secondaires de repousser, nous pouvons effectuer d’importants gains en matière de restauration écologique en Amazonie. »