En cette année qui souligne le centième anniversaire de la naissance de Jack Kerouac, les éditions Boréal publient La vie est d’hommage, un recueil de textes inédits, établis et présentés par Jean-Christophe Cloutier, professeur adjoint de littérature à l’University of Pensylvania, de Philadelphie.
Dans un très riche avant-propos d’une quarantaine de pages, Cloutier nous permet de découvrir un Jean-Louis Kérouac, né à Lowell dans le Massachusetts, de parents d’origine québécoise. Kerouac est donc d’abord francophone et il le restera toute sa vie, sans qu’à peu près personne ne le sache. Cet ouvrage réunit des textes en français, plus précisément dans la langue canadienne-française dont Kerouac disait qu’elle est la plus puissante au monde, « une des langues les plus « langagées du monde » ». Pour toutes sortes de raisons, dont la force du nombre des anglophones autour de lui, Kerouac publiera son œuvre en anglais seulement, puis sera traduit. Mais nous apprenons que plusieurs de ses textes les plus célèbres ont d’abord été écrits, ou, à tout le moins, pensés dans son joual à lui.
Kerouac dans sa langue maternelle : c’est du bonbon! Du bonbon qu’il faut souvent lire au son et qui est fortement mâtiné d’anglais. Et ça donne des choses comme celle-ci, extraite de La nuit est ma femme : « Ils nous ons donnez des pelles spéciales pour creuser creu et entroit; ons l’es rentra avec une kick du pied après ça on ferma la grip en haut pour clampé le sables pis ons le leva comme ça ».
Mais, au-delà sa parlure naturelle et franche, Kerouac est surtout un conteur né. Il ne filtre pas ses émotions, il raconte les choses comme elle se vivent et il accepte fondamentalement sa qualité d’écrivain, quoi que ce soit pas faute d’avoir tenté de gagner sa vie à la sueur de son front.
Avec ce recueil, Jean-Christophe Cloutier nous permet de découvrir ou de redécouvrir un auteur remarquable dans ce qu’il a de plus personnel : sa langue maternelle.