En 1943, après avoir libéré l’Afrique du Nord des forces de l’Axe, les Alliés se tournent maintenant vers la Sicile, histoire de s’attaquer au « ventre mou » de l’Europe et en finir avec l’Italie comme puissance ennemie. Et pour s’assurer que les nazis regarderont ailleurs, l’espionnage britannique montera l’opération Mincemeat, dont l’histoire est maintenant transposée au grand écran.
Qualifiée de plus importante opération de tromperie de la Deuxième Guerre mondiale, Mincemeat devait convaincre le 3e Reich que l’attaque des Alliés aurait plutôt lieu en Grèce, et non en Sicile. Pour ce faire, les Britanniques utilisèrent le corps non réclamé d’un homme récemment décédé et lui créèrent une vie parallèle, en plus de le lester avec de soi-disant documents officiels évoquant une invasion en Grèce, avant de laisser le cadavre s’échouer sur la côte espagnole, dans l’espoir que les papiers finissent entre les mains des Allemands.
Récemment rendu disponible sur Netflix, après sa sortie officielle l’an dernier, Operation Mincemeat, réalisé par John Madden, à l’aide d’un scénario adaptant un roman de Ben Macintyre, raconte donc comment un petit groupe de personnes en est venu à concevoir cette ruse complexe – et, surtout, risquée.
Pour rendre le tout plus intéressant (et sans doute plus excitant), le film a droit à une distribution solide : Colin Firth, Matthew Macfadyen, Penelope Wilton, Jason Isaacs… On a même confié à Johnny Flynn le rôle d’un certain Ian Fleming, celui-là même qui deviendra par la suite célèbre pour les aventures du non moins bien connu James Bond.
Tout ce beau monde joue relativement bien, mais un film de la Deuxième Guerre centré sur l’espionnage se doit d’être relativement tendu, ou relativement riche en rebondissements. D’autant plus que dans le cas qui nous préoccupe, il est connu que Mincemeat a bel et bien été un succès. On fait ainsi déjà disparaître une bonne partie de la tension qui pourrait servir à faire en sorte que le film soit particulièrement enlevant. Et comme, en plus, il n’est aucunement question de jeux d’espionnage sur le terrain (ou si peu), mais plutôt des décisions prises à Londres, bien loin des combats et du danger, le film se résume largement à voir un petit groupe de personnes, fort sympathiques, au demeurant, progresser lentement dans la préparation de leur ruse.
Bien entendu, la guerre, ce n’est pas uniquement des hommes qui se font couper en deux à la mitrailleuse, ou d’autres qui survivent héroïquement à des opérations commando. Cela étant dit, la Deuxième Guerre mondiale est extrêmement riche en rebondissements et faits d’armes de toutes sortes; pourtant, on nous présente ici un film ordinaire, sans vraiment de péripéties.
On ne s’endort pas durant le film, fort heureusement, mais rien, dans Operation Mincemeat, n’est vraiment mémorable. Les uniformes sont d’époque, on tourne dans de beaux bâtiments londoniens, les acteurs savent certainement se débrouiller à l’écran… Et c’est tout.
Pour les amateurs d’intrigue et de Second Conflit mondial, nul doute qu’il sera possible de trouver un titre plus palpitant.