LecturesB, collaboration spéciale
L’édition française de la série de Lise Antunes Simoes arrive en France avec son premier tome intitulé « Magnolia ». « Les filles de joie » raconte l’histoire de Victoire, une jeune femme de bonne famille de dix-sept ans qui est expulsée de chez elle après être tombée enceinte. Elle trouve d’abord un travail dans une fabrique de chapeaux et d’accessoires, mais se retrouve sans rien le jour où l’usine n’a plus besoin d’elle. Incapable de payer son loyer, elle accepte l’offre qu’on lui fait d’être payée pour tenir compagnie à des hommes dans une maison chic.
Victoire est née dans une famille aisée dans la petite ville de Boucherville. Non pas qu’elle soit issue de la bourgeoisie, mais le père de Victoire ayant fait fortune en tant que luthier, il est considéré comme un véritable notable dans la contrée. La jeune fille, dont le père se désintéresse totalement, car c’est une fille qui ne pourra pas reprendre l’entreprise familiale, passe ses journées d’insouciance avec son amie Célia, et retrouve le jeune Germain – l’un des apprentis de son père –, dans des petites escapades amoureuses secrètes au fond d’une grange. Mais Victoire, bien trop frivole, ne pense pas une seule seconde aux conséquences si elle tombait enceinte. Le jour où cela arrive, son père la met immédiatement à la porte.
Une nouvelle vie à Montréal
Le père Thomas décide de prendre les choses en main. Il lui trouve un travail dans une fabrique de chapeaux et d’accessoires à Montréal, et une pension pas trop chère. Dans un premier temps, Victoire se satisfait de sa situation. Le travail à la manufacture est parfois difficile avec son ventre qui s’arrondit, mais elle parvient au moins à se nourrir et se loger. Elle n’a désormais qu’une idée en tête : accoucher de cet enfant et le laisser dans un couvent pour retrouver sa liberté. Mais même après ça, rien ne va plus. La fabrique n’ayant plus besoin d’elle suite à une diminution des commandes, elle n’est plus capable de payer son loyer et a tout juste de quoi se nourrir. C’est alors qu’une femme lui fait une proposition !
Victoire est jeune et jolie, et de bonne éducation. On lui conseille donc de se rendre à la maison de madame Angèle qui recherche des jeunes femmes comme elle. Elle sera nourrie, logée et habillée, et vivra dans une maison très chic. Mais Victoire comprend vite de quoi il en retourne : on lui propose un travail de prostituée dans une maison close. Et même si elle se refuse à s’abaisser à ça dans un premier temps, elle finit par se laisser tenter, la faim la tenaillant, et le risque d’être expulsée de son logement se rapprochant à grands pas.
La vie dans la maison de madame Angèle
C’est vers la moitié du roman qu’on rentre véritablement dans le sujet. Victoire devient une fille de joie. Mais jamais elle ne perd de vue l’idée d’en sortir pour retrouver sa liberté et son indépendance. Cela va être long, car la jeune femme doit rembourser une grosse dette à la tenancière qui a payé les loyers en retard de sa nouvelle protégée. Une fois entrée dans la maison, Victoire n’en sort presque plus jusqu’à la fin du tome. On y découvre sa vie de tous les jours avec les autres filles de joie, leur solidarité, leur entraide, les clients difficiles et ceux au contraire qui se révèlent plutôt attachants.
Ce premier tome est un véritable coup de cœur! L’auteure prend le temps de poser les choses tranquillement – c’est pourquoi Victoire n’entre dans la maison close qu’au milieu du tome. Tout est joliment détaillé, que ce soient les pensées de Victoire qu’on découvre au fur et à mesure, ou les décors. Et on s’attache à cette jeune femme, même si elle est parfois bien trop naïve ou trop optimiste. Son fort caractère lui permet de surmonter toutes les épreuves, mêmes les plus humiliantes!