Les zones urbaines, aux États-Unis, sont de plus en plus hors de prix pour leurs résidents, particulièrement les Noirs et les Latino-Américains, selon une nouvelle étude du USC Dornsife Equity Research Institute.
Entre 2013 et 2019, le nombre de ces régions métropolitaines ne possédant aucun quartier avec des logements abordables pour des locataires de la classe ouvrière est passé de 14 à 42%. Par ailleurs, plus de 80 % des régions les plus peuplées du pays ont enregistré une baisse de l’abordabilité avoisinant une moyenne de 12 %.
Sans accès à des options pour se loger à un prix acceptable, les ménages à faible revenu sont forcés de vivre dans des quartiers fortement touchés par la pollution et la criminalité, avec peu de services publics comme des écoles ou des parcs. Pour les familles à faible revenu qui sont évincées de quartiers riches en ressources, leurs enfants devront constamment se battre pour sortir de la pauvreté.
Cette situation est également inquiétante pour les entreprises. Avec une réduction du nombre de logements abordables dans les régions métropolitaines, les compagnies peinent à trouver et à conserver de la main-d’oeuvre. Des employeurs sont déjà à l’oeuvre, en fait, pour tenter de contrer ce problème en achetant et en construisant des logements abordables pour y loger leurs travailleurs, le tout avec des résultats mitigés.
Selon l’étude, le nombre de régions métropolitaines n’offrant aucun logement abordable a triplé entre 2013 et 2019. Pendant cette même période, seules trois zones urbaines ont connu un accroissement de leur offre en la matière : Baton Rouge, en Louisiane; Madison, au Wisconsin, et Wichita, au Kansas.
Toujours entre 2013 et 2019, le revenu médian des ménages noirs a augmenté moins rapidement, d’environ 800 $ US, que celui des ménages latinos (3700 $) et blancs (3000 $).
À peine 7 % des quartiers sont accessibles pour les ménages noirs de la classe moyenne, contre 16 % des familles latinos du même genre. Les ménages blancs de la classe moyenne, eux, peuvent se loger dans près de 70 % des régions offrant des propriétés locatives.
Des quartiers sans ressources
Dans les zones toujours abordables pour les ménages à faible revenu, plus de 75 % d’entre elles sont classées « mauvais » ou « très mauvais » sur une échelle représentant l’accès aux ressources et conditions favorables pour les enfants, comme des rues sécuritaires et des parcs, une échelle qui évalue ce qui est considéré important pour le développement sain des enfants.
Pour les familles noires, cette proportion passe à, 80 % des quartiers où il peuvent encore payer le loyer.
À peine 6 % des quartiers abordables pour les familles noires de la classe moyenne sont jugés « riches en opportunités », et aucun n’est jugé « très riche en opportunités ».
« L’incapacité de se loger est à la fois un produit et un facteur des inégalités raciales, et cela ne fait qu’empirer. Les ménages noirs et latinos de la classe ouvrière continuent de vivre de la ségrégation alors qu’ils sont injustement évincés des zones riches en opportunités qui amélioreraient leurs vies et celle des générations à venir », affirme Thai V. Le, coauteur de l’étude.
« Cependant, aussi important soit-il de construire des logements abordables dans les quartiers riches en opportunités, nous devons aussi multiplier les possibilités et développer les ressources dans les quartiers ouvriers, où se trouvent déjà des liens avec la communauté. »
Les experts recommandent une série de mesures pour améliorer les conditions de ces groupes défavorisés.
Parmi celles-ci, on retrouve la volonté d’étendre et de rendre permanentes des protections contre les évictions qui ont été mises en place dans plusieurs villes pendant la pandémie.
Les chercheurs proposent aussi de préserver le parc immobilier de logements abordables existant, en plus de favoriser le développement communautaire, qui garantit l’aspect abordable des habitations pendant une longue période.
Toujours du côté des recommandations, on suggère de mettre en place un règlement forçant les développeurs immobiliers à consacrer une certaine portion de leurs constructions au logement abordable.
Enfin, les experts proposent de nettoyer les zones polluées des quartiers, en plus de construire des parcs et de développer les infrastructures.