De nombreux lecteurs du Détecteur de rumeurs et d’autres sites semblent conclure depuis quelques mois que, puisque des gens vaccinés continuent d’être infectés, les vaccins seraient inefficaces ou inutiles. Mais sur quelles bases peut-on juger de l’utilité de ces vaccins contre la COVID? Réponse en trois temps.
1) Les vaccins ont-ils permis de stopper la propagation du virus de la COVID? Non.
Comme plusieurs l’ont répété depuis deux ans, le but ultime de la campagne de vaccination contre le virus responsable de la COVID-19 était de limiter la propagation du virus et donc, d’interrompre les chaînes de transmission. Toutefois, il y a eu deux obstacles, rappelaient en avril des scientifiques italiens: l’émergence de variants résistants en partie aux vaccins, et la diminution de l’immunité dans le temps.
Bien des chiffres sur l’efficacité ont circulé ces derniers mois. Par exemple, selon une étude réalisée en Grande-Bretagne entre décembre 2020 et septembre 2021 auprès de travailleurs de la santé, l’efficacité des vaccins contre le risque d’infection était de 85 %, deux à dix semaines après la deuxième dose, mais elle diminuait à 51 %, six mois plus tard. Une analyse de plusieurs études publiée en février dernier est arrivée à des conclusions similaires: la protection contre l’infection et contre les cas présentant des symptômes baissait de 20 à 30 points de pourcentage sur une période de 6 mois. Les experts s’entendent pour dire que cette réduction est due au moins en partie au déclin partiel de notre immunité contre le virus.
La mauvaise nouvelle de l’hiver 2022 a été que la diminution de la protection face aux infections symptomatiques était plus marquée devant le nouveau variant Omicron que devant le variant Delta. C’est ce qu’avait noté dès janvier, entre autres, un rapport publié par la santé publique britannique.
Pour ce qui est du variant Omicron BA.2 en particulier, l’efficacité vaccinale pour prévenir les infections symptomatiques est de 10 à 40 % dans les six mois suivant la deuxième dose, estimait l’INSPQ en mai. Toutefois, la dose de rappel permet d’augmenter l’efficacité à 40-74 %.
2) Les vaccins ont-ils diminué le fardeau de la maladie? Oui
Par contre, être infecté n’est pas synonyme de complications. On avait constaté dès 2020 que la majorité des personnes infectées par ce coronavirus ne souffraient pas de complications. De sorte que, à défaut d’interrompre la chaîne des infections, la vaccination atteindrait une partie importante de ses objectifs si elle permettait d’éviter les complications, c’est-à-dire les hospitalisations et les décès. Et sur ce point, la vaccination confère effectivement une protection plus durable contre les cas graves. Selon la méta-analyse publiée en février, l’efficacité des vaccins à prévenir les maladies graves baisse d’environ 10 % avec le temps, mais elle se situe quand même au-dessus de 70 %.
Et ce, même dans le contexte d’Omicron —plus contagieux que les variants précédents— révélait en janvier le rapport de la santé publique du Royaume-Uni. En l’occurrence, la protection contre les hospitalisations tournait autour de 90 % après une dose de rappel et diminuait à 75 % trois à quatre mois plus tard. Enfin, des données américaines allaient dans le même sens: les vaccins étaient efficaces à 89 % pour prévenir les hospitalisations dues au variant Omicron, après une dose de rappel.
3) A-t-on besoin de meilleurs vaccins? Oui
La vaccination a donc réduit jusqu’ici la pression sur les hôpitaux et évité un nombre considérable de décès. Qu’en est-il de l’avenir? Des scientifiques britanniques s’interrogeaient, dans un bilan des deux premières années de la pandémie, sur le défi que peut représenter le fait d’avoir recours à de nouvelles stratégies de vaccination avec lesquelles nous ne sommes pas familiers.
Par exemple, certains rêvent à un vaccin qui protégerait contre un éventail de coronavirus. Mais la marche est haute.
Entre autres, dans leur bilan des deux dernières années, les scientifiques britanniques proposent de mettre au point des vaccins qui contiendraient des séquences provenant des différents variants, et protégeraient donc contre plusieurs souches du coronavirus. D’autres chercheurs se demandent si un vaccin intranasal pourrait offrir une meilleure protection.
Enfin, les chercheurs italiens suggèrent de mettre en place une plateforme de surveillance globale de la COVID-19, chapeautée par l’OMS et similaire à celle qui existe pour l’influenza. L’idée serait de s’en servir pour une communication plus rapide des informations sur les nouveaux variants en circulation, et des recommandations sur le meilleur vaccin à développer.