Samedi soir, la Salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal accueillait l’ensemble I Musici de Montréal pour la prestation de l’An 7 de l’Intégrale des cantates de Bach.
Précédées du Prélude de choral Je cris vers toi, Seigneur Jésus-Christ, BWV 639, les trois cantates au programme étaient Je cris vers toi, Seigneur Jésus-Christ, BWV 177; En toi seul, Seigneur Jésus-Christ, BWV 33 et Je crois, cher Seigneur, viens en aide à mon manque de foi, BWV 109. Le tout était sous la direction du chef Jean-François Rivest, principal chef invité d’I Musici.
Il s’agit là d’un programme un peu austère, bien sûr, mais qui offre l’occasion de faire briller, tour à tour, le chœur, les solistes et plusieurs instruments de l’orchestre. J’aimerais d’ailleurs accorder une première mention à Marjorie Tremblay et à Mélanie Harel qui ont profité de la part belle que la partition faisait aux hautbois pour nous en mettre plein les oreilles de leur finesse, de leur entrain et de leur virtuosité.
En ordre chronologique, parlons maintenant de Nicolas Burns, contreténor, qui tenait la partition d’alto. Dès les premières notes de son solo dans la première cantate, on avait envie de retenir son souffle pour ne rien perdre des impressionnantes couleurs sonores qu’il nous offrait. On voulait en entendre davantage et c’est ce à quoi nous avons eu droit dans le très long aria de la cantate BWV 33.
Disons maintenant un mot à propos d’Andréanne Brisson Paquin dont la prestation a eu pour seul défaut de ne pas durer assez longtemps. Bien sûr, sa voix cristalline est déjà connue du public montréalais, mais malgré cela, elle a réussi à nous surprendre avec une interprétation d’une grande pureté et d’une grande spiritualité.
Le premier récitatif du ténor Emmanuel Hasler n’a pas vraiment impressionné. Mais quel plaisir de l’entendre, tout de suite après dans le duo ténor et basse de la cantate BWV33 avec le baryton Geoffroy Slavas. De retour en solo dans la cantate BWV 109, Hasler a semblé éprouver des difficultés dans l’alternance entre les lignes mélodiques interprétées forte puis pianissimo, en alternance : les parties pianissimo étaient susurrées plutôt que chantées.
Que dire maintenant du baryton Salvas? Que du bien! De la couleur, de la rondeur, de la justesse dans la puissance. Pour notre part, une très belle découverte.
Il ne faudrait pas omettre de parler du chef, Jean-François Rivest, qu’on aurait presque pu oublier d’ailleurs, tellement il s’est fait modeste et subtil, tout autant que présent en engagé. Dans cet exercice délicat que constitue la direction des cantates de Bach, Rivest a démontré qu’il connaît son Bach, qu’il en maîtrise les arcanes : chapeau!
Pour ajouter une touche conviviale à cette soirée plutôt sérieuse, le chef a respecté la tradition et à invité l’auditoire à chanter le dernier choral de la BWV 33. Ça aussi, ça fait partie de la communion avec le public.