Deux hommes se rencontrent pour organiser un « transport » spécial. Leur cargaison? Deux autres hommes, l’un coincé dans un fauteuil roulant, l’autre souffrant de trisomie. Cette mise en situation, déjà sinistre à souhait, ouvre la voie à un roman graphique, Débarqués, à travers les pages duquel s’installe une atmosphère étrange et angoissante.
Ensemble, André Marois et Michel Hellman proposent cette aventure qui se déroule en marge de la vie de tous les jours. Pour chacun de leurs passagers, le lecteur comprend, en sous-texte, que leur proche aidant n’en peut plus, et qu’il existerait donc une façon « humaine » de se « débarrasser » de ces personnes que l’on aime, certes, mais dont on n’est plus en moyen de s’occuper.
Parle-t-on d’euthanasie, ici? D’une façon plus violente et moins éthique d’en finir avec quelqu’un? Ou de plutôt permettre à des personnes atteintes par la maladie d’échapper à une mort lente dans le système de santé? On ne donnera pas de détails, par peur de gâcher la surprise, mais le fait est que Débarqués est remarquablement efficace dans sa façon de raconter son histoire.
Ainsi, il n’y a pas, ici, de grands discours sur l’éthique, d’atermoiements émotionnels, ou de remises en question philosophiques. Nos deux gaillards ont un travail à faire, et c’est ce qu’ils accompliront. Quant à leurs passagers, ils n’ont pas vraiment conscience de ce qui les attend, et c’est peut-être tant mieux.
Débarqués est une oeuvre courte, certes, mais efficace; tout est dit, tout est présenté, et l’on termine de lire la dernière page en pouvant enfin reprendre notre souffle.